Voix de stentor, tempo au bord de l'arrêt cardiaque : le guitariste et chanteur français continue, avec son énième album en date, à distiller son blues velvetien. Ou devrait-on dire burgerien, comme on s'en rendra compte jeudi 16 novembre sur la scène de la Source.
Exégète inépuisable du Velvet, collaborateur frénétique, maniaque de la reprise (y compris de ses propres titres ou de ceux du groupe qui l'a fait connaître, feu Kat Onoma) féru de création live sous toutes sortes de formes : le guitariste et chanteur alsacien Rodolphe Burger est à ce point barré en permanence sur plusieurs fronts qu'on en oublierait presque qu'il mène aussi une carrière discographique solo faites d'albums originaux. Si l'on s'en tient à ce seul critère, cela fait neuf ans que Burger, loin pourtant d'avoir chômé, n'avait pas livré ce genre d'albums, depuis No Sport, en 2008. Jusqu'à ce Good donc.
Sauf que, même en solo, Burger n'est jamais tout seul, convoquant toujours ses poètes préférés. Samuel Beckett, pour le morceau-titre, côtoie ainsi Pierre Alféri et Olivier Cadiot (deux complices de longue date de Burger) ou T.S. Eliot et son poème The Waste Land. De fait, la formule de l'alchimiste alsacien, si connu pour transformer le rythme de la poésie en boucles musicales hypnotiques, ne change guère : sa guitare blues et velvetienne, sa voix profonde de crooner fantomatique caressent les mots que viennent aussi piquer des machines discrètes (pas toujours). Mais elle fonctionne toujours autant (que de pépites doucereuses, de Cummings à Poème en or). Et si l'on arrête parfois de suivre avec systématisme le parcours de Burger, on peut ici raccrocher avec bonheur les wagons de ce train par le seul fait qu'il donne toujours l'impression d'avoir la courtoisie d'avancer au pas.
Rodolphe Burger + HaiZi BeiZi
À la Source jeudi 16 novembre à 20h30