de François Desagnat (Fr., 1h37) avec André Dussollier, Bérengère Krief, Arnaud Ducret, Nicolas Marié...
On n'aurait pas forcément misé ses deux mois de caution sur cette nouvelle comédie de colocation, surtout après le lourdingue Five. D'autant que le plan de masse d'Adopte un veuf n'a rien d'ébouriffant : un vieux misanthrope dépressif qui voit son quotidien s'éclairer grâce à l'irruption d'une blondinette dynamique, ça a des airs de Tatie Danielle au masculin – mais Dussollier possède un fond trop pur pour égaler en teigne l'abominable Tsilla Chelton.
Pourtant, à partir de cet argument digne d'un Au théâtre ce soir moyen, François Desagnat trousse une histoire attachante, dans laquelle la composante humoristique ne se limite pas à de la gaudriole vulgaire, et où le sentiment de solitude est réellement perceptible. Les situations n'échouent jamais dans le pathétique, s'enrichissant des tonalités apportées par chacun des comédiens. Bérengère Krief joue de son dynamisme, en évitant "d'exploser de naturel", ce qui confère à son personnage de pot-de-colle gaffeuse un indéniable charme.
Mais celui dont le récital confine au chef-d'œuvre est l'exceptionnel Nicolas Marié, comédien fétiche de Dupontel qui aurait déjà mérité d'être honoré pour son interprétation tordante d'avocat bègue dans 9 mois ferme (2012). Sa prestation de vieux bouc, dont la lubricité hystérique se trouve émoustillée par la colocation de son camarade, vaut à elle seule le détour. Défions-nous toujours d'une affiche et d'un titre putassiers : ils dissimulent parfois une agréable surprise. VR