"Encantado" : les couvertures de survie de Lia Rodrigues

Figure engagée de la danse contemporaine brésilienne adulée sur les scènes européennes (et très souvent vue dans la région grenobloise), Lia Rodrigues construit depuis une trentaine d’années une œuvre politique fortement imbriquée avec les enjeux de son pays, elle qui a installé une école de danse dans une favela de Rio de Janeiro. Sa dernière création, baptisée Encantado et pensée pendant la crise sanitaire, en est une nouvelle preuve éclatante. Une chorégraphie brute, presque tribale, pour onze interprètes qui, sur et avec un patchwork de tissus chamarrés achetés sur un marché de Rio, donnent corps à toute une poésie proche du rituel, cet assemblage bariolé volant rapidement en mille morceaux et devenant matière modulable – vêtements pour leur peau nue, coiffes de divinité, queues de sirène, possibles liens entre eux… Les esprits de la nature sont là, facétieux, libres…

« Je pense que la joie peut être une façon de lutter, une façon de résister », déclarait la chorégraphe à l’AFP au moment des premières représentations françaises, alors que Jair Bolsonaro, le président honni, était encore au pouvoir (il a depuis été remercié par les urnes) et détruisait la société brésilienne – notamment la nature. En une heure intense, portée par une bande son faisant écho aux manifestations de peuples indigènes pour la reconnaissance de leurs terres ancestrales, la pièce de Lia Rodrigues prend des atours de soulèvement autant poétique que politique, nourri par la force du collectif.

Encantado mardi 3 et mercredi 4 octobre à la MC2, de 5€ à 33€