C'est en mode revenant qu'on retrouve en cale du Sonic les guerriers de l'infernal Bobby Hecksher, (in)digne disciple d'Anton Newcombe, passé par tous les états psy(-chédéliques/-chologiques) sans jamais faire d'infidélité à sa drogue préférée : la musique.
Est-ce parce qu'il fut l'un des 728 membres précaires et pas du tout honoraires du Brian Jonestown Massacre, mais contrairement à l'image psychédélique et fofolle qui se dégage de sa légende, Bobby Hecksher ne plaisante pas avec la musique.
Ce qui lui fait un autre point commun avec maître Anton Newcombe : on se souvient que lors de son passage au CCO en 2010, conscient qu'une partie de son public s'était assidûment préparée à l'événement à coups de bières et de substances drôlatiques, pensant vivre l'un de ces légendaires concerts se finissant à coups de bottes et de plaquages dans les amplis tels que vus dans le biodocu Dig!, un Newcombe rangé des bidons avait sommé une jeune femme dépoitraillée et dans un état proche de l'Ohio de renfiler son corsage et d'aller quérir ailleurs l'attention qu'elle volait à la musique.
On repensait alors à une prestation des Hecksher boys en 2003 à la Cigale. Les Warlocks s'étaient présentés en rangs très serrés – deux batteries, trois guitares, un mur de son infranchissable – et le vent dans le dos – leur album Phoenix en bandoulière.
Vaisseau fantôme
Et sans doute pour les raisons évoquées plus haut, quelques plaisantins s'étaient rapidement essayés à venir faire les zozos sur scène. L'un des guitaristes jaillit alors du fond noir de la scène, chargea tel un sanglier et éjecta deux importuns d'un coup d'épaule tête la première dans la fosse. À la Cigale on n'était pas là pour danser ou faire la chenille, l'heure était à la messe et la messe était noire.
Elle l'est toujours et même d'autant plus que, si le mythe Warlocks est encore intact, le groupe est passé par toutes les avanies : séparations, évictions, four commercial du grand Surgery, discographie en dents de scie aux airs de thérapie, de cure de désintox' et de descente sans escale aux enfers dont Heavy Deavy Skull Lover marqua le dernier cercle.
Les Warlocks ont mis cinq ans pour s'en relever mais Hecksher est aussi sérieux (si, si) que tenace. Le résultat, lourd, flou, électrisant et hypnotique s'écoute comme on regarde un vaisseau fantôme surgir de la brume. L'affaire s'intitule Skull Worship mais ce pourrait être Skull War Ship car avec les Warlocks, la plaisanterie n'étant pas de mise, on a toujours un peu l'impression de partir à la guerre avec quelque horde tombée d'un Valhalla californien.
The Warlocks [+ Brahma Loka]
Au Sonic jeudi 3 septembre