Panorama de rentrée culturelle / Avec de la pop d'ici et d'ailleurs, de la chanson en VF ou encore des grosses têtes d'affiche.
Mendelson
2017, année électorale, Mendelson publie Sciences Politiques, une œuvre au noir sociétale (comme souvent avec la formation de Pascal Bouaziz) dont chaque morceau plaque sur une reprise de classiques de Bruce Springsteen, Marvin Gaye, The Jam, Leonard Cohen, Lou Reed, The Stooges & co un texte en français à la terrible résonance sociétale (Les Peuples, Le Soulèvement, La Guerre) et à la poésie toute mendelsonienne. Un projet à part auquel le live devrait donner une saveur particulière, et qui sera précédé sur scène, en première partie, par l'excellent trio grenoblois Pelouse dont on a souvent vanté les mérites dans ces colonnes.
À la Source vendredi 19 janvier
Oiseaux-Tempête & Mondkopf
La Grèce (Oiseaux-Tempête), la Turquie en révolte (Ütopiya?), le Liban (AL-'AN)... Partout où ils se posent – en général plutôt du côté de l'Orient donc – les Oiseaux Tempête (Stéphane Pigneul et Frédéric D. Oberland) en tirent un album. Un disque en forme de soulèvement, porté par un souffle épique : celui des éléments autant que celui du fracas du monde des hommes, et peut-être voguant contre lui, le nez face au vent, au croisement orageux du post-rock, des rencontres musicales réalisées au hasard de leur voyages et de ces field-recordings qui enregistrent la vie.
À la Source vendredi 26 janvier
Altin Gün
En proie à une fascination soudaine pour la scène psychédélique turque des années 1970, Jasper Verhulst, entre autre bassiste du Néerlandais Jacco Gardner (ce qui suffit à vous inoculer le virus du psychédélisme), décide un beau jour d'en reproduire les délices sucrés et vintage sous la forme de l'entité Altin Gün. Pour cela il s'adjoint entre autres les services de deux musiciens turcs, Merve Dasdemir et Erdinc Yildiz Ecevit. Ensemble, ils rejouent les morceaux des grandes figures du genre et des "traditionnels" turcs assaisonnés de psychédélisme. Ravissant, au sens premier du terme.
À la Bobine samedi 10 février
La Jungle + Monotrophy
« Technically you're dead » assène un titre du duo belge La Jungle. Ce, sans un mot puisque le travail (de sape) de Jim et Reggie, de leur batterie mal branlée, de leur casio mal tempéré et de leur guitare rossée, ne souffre aucun mot. Et c'est vrai : on peut être mort, ou avoir l'impression de l'être, à l'écoute de ce math-noise efflanqué et bagarreur, répétitif comme une orgie de kraut-rock dégénéré, entêtant jusqu'au K.O. Pas que technique, le K.O.
À la Bobine vendredi 16 février
BB Brunes
Si les BB Brunes ont un mérite, c'est bien d'être les seuls survivants à ce jour de la scène qu'on appela jadis les "baby-rockers", truc monté de toute pièce par un célèbre mensuel rock et son rédac chef à lunettes noires. Peut-être parce qu'ils ont toujours pris soin, les BB, de se tenir à bonne distance de la chose, suffisamment pour en adopter quelques codes, bénéficier de la hype condamnée d'avance et faire fructifier son succès loin d'elle.
De fait, quand la bande d'Adrien Gallo connaît la consécration en 2009, les "baby rockers" sont déjà morts et enterrés. En 2018, les BB Brunes, auteurs de leur quatrième album sorti l'an dernier, ont presque trente ans et continuent de faire rêves les ados. Mais plus les mêmes. On tient peut-être là le nouvel Indochine.
À la Belle électrique vendredi 23 février
Zombie Zombie
Voilà plus d'une décennie que Zombie Zombie, évoluant désormais en trio, s'est installé comme l'un des plus majestueux ovni de la pop française, aux confins de l'expérimental, du kraut-rock, de l'électronique, du jazz et du psychédélisme, nourri de cinéma et le nourrissant en retour de quelques BO. Le fait est que le brouillard n'est pas près de se dissiper autour de cette musique de l'étrange pourtant immédiatement familière tant il est aisé de se laisser couler dedans comme on se laisse embrasser par le brouillard du cinéaste John Carpenter, l'influence séminale du groupe d'Étienne Jaumet.
À la Bobine jeudi 1er mars
Orelsan
Une fois de plus, le rappeur de Caen a été sur le devant de la scène l'an passé. Sorti fin octobre, son troisième album La fête est finie, composé de morceaux efficaces comme Basique ou Tout va bien, est désormais certifié triple disque de platine, confirmant qu'Aurélien Cotentin s'est bien imposé dans le monde du rap mainstream avec ses textes jouant entre autodérision et noirceur. D'où le fait que maintenant, loin des anciennes polémiques, il peut se permettre d'inviter à ses côtés en studio quelques noms bankables comme Nekfeu, les deux sœurs d'Ibeyi, Dizzee Rascal, Stromae ou encore Maître Gims. Apparemment la fête commence tout juste, et elle sera donnée au Summum à guichets fermés.
Au Summum vendredi 2 mars
Thomas de Pourquery & Supersonic
« Un groupe de rock déguisé en jazz » : voilà, telle qu'édictée par son leader Thomas de Pourquery, la raison sociale de Supersonic, la formation qui accompagne ce véritable Protée musical (il est aussi bien saxophoniste, auteur-compositeur, acteur que grand accompagnateur de groupe pop et rock) et dans laquelle on retrouve une pointure comme Laurent Bardainne, tête pensante de Poni Hoax. Pourquery et Supersonic, enfants du rock et du jazz, livreront ici, dans un grand fracas intersidérant, la version live de leur deuxième album Sons of Love.
À la MC2 samedi 3 mars
Royal Republic
Parmi les grands produits d'exportation de la Suède, grande vendeuse de rock à l'international, figure en bonne place Royal Republic, sorte de The Offspring sauce gravlax pratiquant un punk-rock joué en se mordant la joue et en se frisant les moustaches, sans grand sérieux mais avec une efficacité si dévastatrice que, depuis une décennie, la famille Royal n'a cessé de croître.
À la Belle électrique jeudi 8 mars
Bertrand Cantat
Lors de la soirée de Noël du PB, nous avons longuement débattu sur le droit ou non de Bertrand Cantat de reprendre une vie artistique après le meurtre de Marie Trintignant. Avec, en point d'achoppement entre nous : doit-on de nouveau écouter sa musique (et son dernier album Amor fati) comme si rien ne s'était passé ? Visiblement, pas mal de monde pense que oui puisque la Belle électrique a rajouté une deuxième date après une première devenue complète en très peu de temps. De notre côté, le débat n'a pas encore été tranché.
À la Belle électrique mardi 13 et mercredi 14 mars
Bleu Russe + Gontard! + Lomostatic
Place à la scène grenobloise (ou affiliée) underground avec cette triple affiche convoquant Bleu Russe, sorte d'Arnaud Michniak alpin rappant sur des riffs lourds ; le chanteur post-rock Gontard ! qu'on ne présente plus en ces pages (les Frères Nubuck, ça vous dit quelque chose ?) ; et Lomostatic, formation déflagrante d'Arnaud Boyer, homme aux mille projets sur l'album duquel, en plus d'autres figures locales (Jull, Olivier Depardon...), figurent les deux précités. Bref, on sera entre gens de bonne compagnie, même de mauvaise humeur.
À la Source jeudi 15 mars
Stephan Eicher
Après sa tournée à la tête d'une armée de machines et d'automates, le très joueur Stephan Eicher continue de varier les plaisirs de forme. Cette fois, c'est une fanfare composée de 12 musiciens qui s'y colle, le Traktorkestar, ainsi qu'une beatboxeuse, en la personne de Steff la Cheffe. Autre différence, de taille : cette fois, ce n'est pas son répertoire que livre Eicher, mais un spectacle germé de longue date dans son esprit, où la forme rejoint le fond (on n'en dit pas plus) et auquel il donne enfin vie sur scène.
À la MC2 mardi 20 mars
Youn Sun Nah
S'il y a une chose pour laquelle Youn Sun Nah est connue, c'est bien pour avoir fait exploser les frontières du jazz vocal, tant par sa propension à donner dans la reprise du patrimoine pop (au sens large) mondial (jusqu'à Metallica, c'est dire) que par son exploration de registres vocaux qui se détachent du carcan jazz. Une singularité qui n'empêche pas la chanteuse coréenne d'être l'une des favorites des suiveurs de la galaxie jazz, qui ne jurent que par elle.
À la Belle électrique mercredi 21 mars
Ibeyi
En 2017, on a beaucoup entendu parler du duo franco-venezueliano-cubain Ibeyi, formé par les jumelles Lisa-Kaindé et Naomi Diaz, grâce à leur deuxième album Ash. S'inspirant de sonorités recueillies dans différents pays, leur musique aux influences électro hip-hop reprend également les discours de Michelle Obama ou de Frida Kahlo.
Les filles du percussionniste cubain Anga Díaz, membre du Buena Vista Social Club, portent ainsi haut leurs origines, chantent en dialecte cubain (le yoruba, langue nigéro-congolaise arrivée à Cuba par le biais de descendants d'esclaves africains), et séduisent large (même Adele et Beyoncé sont fans) grâce au mariage parfait de leurs deux voix.
À la Belle électrique dimanche 25 mars
Theo Lawrence & The Hearts + Duck Duck Grey Duck
Si la révélation Theo Lawrence a plusieurs cœurs, c'est parce qu'il ne peut choisir entre son amour pour la country music et le rock et celui qu'il porte à la soul et au R'n'B, comme sans doute il ne peut choisir entre ses nationalités française et canadienne et les aspirations US véhiculées par ses costumes. Voilà qui en fait un compagnon de scène idéale du trio Duck Duck Grey Duck qui, depuis la Suisse, foule les mêmes plates-bandes américaines teintées de musiques roots.
À la Source jeudi 29 mars
Soom T
L'Écossaise Soom T est du genre prolixe, additionnant les influences pour concocter des prestations où sa verve et sa diction au débit de mitraillette font jumper des salles entières. Pas un hasard si des artistes aussi différents que The Orb et Stand High, Miss Kittin, Asian Dub Foundation ou Jahtari ont fait appel à sa plume acérée et militante, rendue incendiaire dès qu'un micro lui est tendu, lui permettant d'exprimer ses révoltes (inégalités sociales, violences faites aux femmes...).
À la Belle électrique vendredi 30 mars
Her
Victime d'une véritable tragédie avec le décès d'un de ses deux membres, Simon Carpentier, des suites d'un cancer, Her est pourtant toujours debout, à l'initiative de Victor Solf qui a fait le serment de continuer ce projet qui faisait plus que commencer à faire parler de lui sur le front d'une électro-pop aux élégants accents soul – le petit tube Five Minutes en meilleur exemple. La série de concerts est donc toujours en cours et un album est à venir, ce qui constituera le plus bel hommage à Simon Carpentier.
À la Belle électrique jeudi 12 avril
Donny McCaslin
C'est sa collaboration (et celle de son groupe) à l'ultime album de David Bowie, Blackstar, cet astre avant-gardiste comme prescient de sa déconfiture, qui a permis à Donny McCaslin de se placer un peu plus sur la carte musicale. Mais le fait est que le saxophoniste ténor a retiré bien plus qu'un peu de notoriété. Comme porté par cette expérience inoubliable, McCaslin y a puisé l'inspiration de son onzième album, Beyond Now, qui marche sur les traces du Thin White Duke en mode ténèbres.
À la MC2 mercredi 16 mai
Dominique A
Si Dominique A vous manquait, vous serez diablement rassasié en 2018. L'homme de Provins publiera en effet cette année deux albums. Le premier, à venir en mars et baptisé Toute Latitude, est annoncé comme électrique et lorgnant vers l'électronique. Le second, qui sortira à l'automne, sera un disque acoustique et intimiste, logiquement nommé La Fragilité. Une tournée suivra chacun de ces deux albums. Dont la première passera par la Belle électrique, en configuration « groupe ». 2018 sera donc A ou ne sera pas.
À la Belle électrique mercredi 16 mai
Brigitte
Depuis huit ans, le concept-duo Brigitte s'amuse à brouiller les frontières entre la femme objet complètement soumise aux affres de l'amour (ce qu'on peut craindre à la première écoute) et la féministe consciente de son désir et de son pouvoir mais maîtresse de son destin, façon Brigitte Bardot ou, dans un autre style, Brigitte Fontaine – Sylvie Hoarau et Aurélie Saada, « garçons comme les autres », tiennent seules les rênes de leur barque et ont même leur propre label B Records. Nues, leur dernier album en date bourré de tubes (dont l'entêtant Palladium), en est une nouvelle preuve. Sirupeusement efficace.
À la Belle électrique le jeudi 17 mai