Voix de garage

Ils sont trois groupes, adeptes de guitares furibardes et de mélodies virulentes hurlées dans la langue de Shakespeare. Après le triple concert ce lundi des Lords of Altamont, des Slapsticks et des Firecrackers, EVE ne devrait plus être la même. François Cau

Pétard absolument pas mouilléCes petits gars du coin, comptant dans leurs rangs des membres de Feverish et d’Elevate Newton’s Theory, nous avaient gentiment aguiché avec leur premier six titres, She Demon. Avec leur premier “vrai“album, Gotta love it, les sbires parfont leur décorum en accentuant leur fougueuse énergie rock’n’roll. La pin up qui leur sert d’égérie visuelle se retrouve les jambes en l’air sur la pochette, les cheveux ébouriffés par le son violemment efficace des quatre garnements. Et pour cause : en dépit de la durée frustrante de ses plages, Gotta Love It décoiffe avec une sélection de titres immédiatement efficaces. Les réminiscences déférentes d’un son des années 60, tant dans les lyrics patelines que dans la turgescence des guitares, se marient avec une rage à peine maintenue. Les pistes défilent à toute allure, évoquent mille souvenirs musicaux pour finalement imposer leurs singularités. Récemment, les quatre compères ont été retenus pour les sélections régionales du Printemps de Bourges 2006. On leur souhaite de tout déboîter sur place, bien que l’engouement exponentiel dont ils bénéficient (en grande partie dû à leurs déflagrations en live) devrait se charger d’asseoir leur renommée. Album : “Gotta love it“ (Un Dimanche)Rock’n’roll bolognaiseDans un même esprit “Gaba gaba hey !!!“, je demande les cousins italiens originaires de Bologne (oui, d’où le titre). Phénix rock’n’roll renaissant des cendres du groupe Black Mamba, The Slapsticks se fédère en 2005 autour du chanteur / guitariste Raimundo et du batteur Dario, bientôt rejoints par trois autres membres partageant leur cause. En l’occurrence un rock lapidaire, influencé par les incontournables Stooges ou les Hellacopters, bref, du cossu qui vise à river ses auditeurs sur place par la puissance de ses riffs et de ses élancées vocales. Une écoute attentive des paroles aurait tendance à laisser de marbre le moins exigeant des amateurs de rock’n’roll (voire même à le faire pleurer s’il est déprimé), peu enclin à kiffer ces propos vides de sens tournant toujours autour des mêmes idées (je me réveille et le monde craint, je marche dans la rue et les gens craignent, du coup j’aborde les filles en les insultant). Mais la structure des morceaux et l’esthétique prônée sur scène comme dans leur artwork laissent soupçonner un penchant marqué pour le second degré. Le Slapstick étant, rappelons-le, un dérivé doloriste de l’humour burlesque, popularisé par des comiques comme les Marx Brothers ou les Three Stooges. On peut penser que le rock est une chose trop sérieuse pour être confiée à des rigolos. On peut également se détendre et apprécier à leur juste valeur sonore les agréables déflagrations de morceaux honteusement addictifs comme Rock’n’roll Djihad, Sit on the Sidewalk ou Behind the Guitar.Album : “Rollin’ the Dice“ (import)Lords of the blingsAttention, là c’est du lourd, la progéniture honteuse du très honorable catalogue Fargo (Andrew Bird, Neal Casal, Alamo Race Track…). Arborant des looks de motards dégénérés, tatouages proéminents en avant, ces Seigneurs dispensent le rock le plus massif, le plus brut, le plus garage de la sélection de cette soirée. Dans cette soirée du 4 décembre, idéale pour se préparer au festif esprit de Noël, les Lords of Altamont font figures de vétérans, de pères spirituels, sans pour autant être les plus mous du bulbe. Composé de grands malades aux pseudos évocateurs (Preacher, Dirty, Stiggs, Sonic et Sicko), issus de formations aussi cultes que les Fuzztones ou les Cramps, les Lords of Altamont se plaisent à prendre la pose, à imposer de force leur bouillonnante mixture. Leur son se fait la synthèse du blues, de la musique surf, de rock sixties, le tout maltraité à une irrésistible sauce métal allant jusqu’à séduire les réfractaires de ce style bien à part. leur premier opus, To the Hell with the Lords (bientôt réédité par Fargo), se voulait dans l’esprit de ses géniteurs comme la bande originale d’une production de Roger Corman jamais tournée (on pencherait plutôt du côté des bandes sons de la firme Troma – c’est un compliment !). Leur deuxième album (Lords have mercy) a permis leur découverte française, avec des bombes comme She Cried, Action ou le très révélateur Let’s Burn. La discographie des Lords of Altamont illustre parfaitement ce que devrait être ce triple concert : au mieux, on pogote tout seul à l’écoute des deux albums, et on se prépare à revenir du live couvert de bleus, puant l’essence (les lascars aiment bien cramer des trucs sur scène), prêt à effrayer sa dulcinée en rentrant avec l’arcade brisée, un sourire horrible rivé aux lèvres. Au pire, on ne peut s’empêcher de hocher la tête et de taper du pied, pris au piège d’un son rauque à souhait, spirale interlope descendant dans des abysses alors inconnus.Album : “Lords have mercy“ (Fargo)Lords of Altamont + The Slapsticks + FirecrackersLe 4 décembre dès 20h, à EVE

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