La distinction sexuelle

cremaster / Matthew Barney, plasticien américain devenu star internationale de l'Art contemporain depuis la réalisation du cycle des 5 films dantesques, les Cremaster, abreuve d'un flux d'images et de sons parfois obscur, mais bouscule la notion du temps. Mon Ciné, projettera les 3 premiers volets du cycle. Séverine Delrieu

Avant visionnage des Cremaster, la nécessité de se documenter s'impose au risque d'être rapidement perdu et irrité par cette mise à l'écart un brin prétentieuse. Et là, réside le défaut principal des films de Barney réalisés dans le désordre entre en 1994 et 2002 : les significations, les symboliques pléthoriques demeurent souvent implicites et l'on ressort au mieux envoûté par une plastique étrange et une atmosphère rythmée par un temps s'annihilant, au pire, dépassé par l’univers de Barney, qu’il nous l’explique quand même, merci, sur son site www.cremaster.net. Par ailleurs, l'œuvre que lui a inspiré le terme cremaster- muscle qui soutient les testicules – s'avère colossale, totale : Cremaster 1 (40m) fut réalisé en 95 ; le 2 (1h20) en 99 ; le 3 (3h02) en 2002; le 4 (43 m) en 94 et enfin le 5 (55 m) en 97. Ce cycle s'accompagne de sculptures, photographies en grande partie exposées au Musée Guggenheim de New York. En France, la consécration vint avec l'exposition du cycle au Musée d'Art Moderne de Paris en 2002, avant d'être diffusé dans le circuit commercial et de rendre la tâche impossible à tout commentateur de son œuvre.Tout est dans l'utérusEt effectivement, résumer les 3 premiers volets, s'avère une véritable gageure perdue d’avance. Cremaster 1 alterne chorégraphies inspirées des comédies musicales des années 50 sur un terrain de football américain, avec des images de dirigeables phalliques flottant au-dessus du stade. À l'intérieur, des hôtesses occupent un salon dans lequel une table est recouverte de raisins rouges. Sous cette table, une femme attrape les grains à travers une fente et les mange, puis les excrète par son talon. En tombant, les raisins dessinent des formes à forte connotation sexuelle que les danseuses reproduisent. Dans Cremaster 2, Barney s'est inspiré du Chant du bourreau de Norman Mailer fondé sur un fait divers : le crime pour lequel Gay Gilmore a été condamné à mort en 1977. Dans le film, il est réinterprété comme une étape d'un cycle temporel fermé entre destinée (incarnée par les Mormons) et déterminisme biologique (les abeilles). Cremaster 3 raconte la construction du Chrystler Buidling au travers de la rencontre conflictuelle entre son architecte et l'incarnation du franc maçon fraîchement initié dans une quête mystique et mégalo. Globalement, pour Barney, le cycle Cremaster s'inspire tout entier de la dialectique d'un processus biologique : le moment charnière dans le développement du foetus où ce dernier doit se sexuer. Cette distinction s'oppose à son parfait état d'équilibre en tant qu'être assexué. Cremaster 1, 2 et 3Films projetés à Mon Ciné

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