Langue aérienne

De sa voix enfantine, la grâce mêlée à une sensualité diffuse la comédienne Marie Vialle vibre au son de trois contes écrits par le délicat Pascal Quignard. Propos recueillis par séverine Delrieu

Comment s'est faîtes cette rencontre avec Pascal Quignard ?Marie Vialle : C'est tout simple. J'ai aimé Le nom sur le bout de la langue puis j'ai eu envie de le jouer. J'ai aimé la beauté de l'écriture, son rythme et le conte lui-même, ce que cela m'évoquait sur le trouble, sur le langage, sur la perte du mot, cela me questionnait sur le jeu de l'acteur aussi. En fait, la manière dont je pouvais m'inscrire dans ce texte était évidente. Alors, j'ai écrit un petit mot à Pascal Quignard, je ne le connaissais pas du tout. Puis j'ai travaillé, répété et il est venu me voir. Je n'avais travaillé que Le Nom sur le bout de la langue. Je pense que ça l'a intéressé et du coup, il a proposé de rajouter et d'écrire deux autres contes. Cachée derrière ton violoncelle, tu te vêts sur scène d'une manière très poétique. J'ai travaillé à partir d'un ressenti d'actrice et les images que m'ont évoquées le texte : c'est ce fil là que j'ai tiré. Le rapport que j'ai avec les mots de Pascal est physique ; ils mettent aussi mon imaginaire en route. La très bonne surprise c'est que cette rencontre entre toi et les textes de Quignard a eu un grand succès.C'est vrai. C'est merveilleux. Car je suis juste partie d'une envie de le faire, de le jouer et puis Pascal Quignard a eu envie d'écrire plus et puis après, il y a eu St Denis (lieu de la création), il y a eu le Théâtre de La Bastille à Paris, Toulouse, Lyon, Châlon et Grenoble.Pascal Quignard est-il intervenu dans ta mise en scène ?Non, pas du tout. Je me débrouille seule. Ce qui me permet de laisser mon imaginaire vagabonder. Même s'il y a un dialogue entre nous : lui était surpris par mon jeu et moi par ses mots. En fait, je suis complètement libre même si je discute avec lui. Et c'est important pour moi nos discussions parce que je n'ai pas de metteur en scène. De plus, c'est un moteur pour moi que ça l'intéresse, ça me pousse à continuer.C'est ta première mise en scène. Qu'est-ce que cela t'apporte pour la comédienne que tu es ?Ce qui est merveilleux c'est que cela fonctionne dans plusieurs sens. D'abord ça oblige de descendre plus profondément : il faut vraiment suivre son ressenti et quand on a des questions, on y répond tout seul. Cela prend plus de temps mais c'est aussi un grand sentiment de liberté. Par contre, après, quand je retravaille avec des metteurs en scène, avec Jean-Louis Benoît, ou Jean-Michel Rabeux, c'est très agréable, je me sens beaucoup plus disponible. Je dois dire que ce n'est pas un exercice pour dire, "je peux me passer d'un metteur en scène". Pas du tout. C'est une recherche d'acteur. Je fais de la mise en scène mais je me pense toujours comme actrice.Apparemment cette alchimie fonctionne encore puisque Pascal Quignard t'a écrit un autre texte.Oui, Triomphe du Temps. Il a eu envie de continuer et moi aussi.De quoi parle le texte ?Du Monde des vivants, des morts, du Monde des visibles. Ce sera créée en septembre à Lyon aux Subsistances. Là j'aurais un partenaire sur scène, Lam Truong. Le Nom sur le bout de la langue de Pascal Quignard par Marie Vialle, dans le cadre de l'Hommage à l'acteur, le 18 octobre à l’Amphithéâtre de Pont-de-Claix

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