Les freaks, c'est choc

Clip / Créateur virtuose aux univers visuels aussi inventifs que torturés, Chris Cunningham est l’auteur de clips et de courts-métrages marquants, principale facette d’une carrière placée sous le signe de l’hyperactivité. Damien Grimbert

Né en Angleterre en 1970, Chris Cunningham fait ses débuts en tant que dessinateur de comics sous le pseudonyme de Chris Halls, en illustrant notamment plusieurs volets de la série Judge Dredd. Rapidement cependant, il va délaisser cette activité pour s’investir dans la réalisation d’effets spéciaux pour le cinéma. On retiendra notamment son impressionnant travail sur Alien 3, de David Fincher, mais également sur la première mouture d’A.I., alors dirigée par Stanley Kubrick. Ce n’est pourtant qu’au milieu des années 90 que son talent va exploser avec la réalisation de ses premiers vidéo-clips, qui lui permettront rapidement d’accéder à la notoriété. À son actif, des réalisations pour Autechre, Portishead, Madonna, Leftfield, Squarepusher, mais surtout Aphex Twin, enfant prodige des musiques électroniques pour lequel il va réaliser deux clips qui restent sans conteste parmi les plus marquants de ces dix dernières années. Come to Daddy (1997) met ainsi une grand-mère et son chien aux prises avec une nouvelle génération de mutants, bambins et grimaçants, dans un bloc d’immeubles sinistre et délabré. Un véritable cauchemar mis en image, ultra-prenant, et collant à la perfection au chaos digital saturé et strident d’Aphex Twin.Monstres et merveillesDeux ans plus tard, il enfonce le clou avec son jouissif Windowlicker, qui reprend les clichés inhérents aux clips de hip-hop / r’n’b (bad boys, “bling-bling”, et bimbos court-vêtues) pour les subvertir en hymne déliquescent à la monstruosité. Et enchaîne enfin sur le magnifique All is full of love, réalisé pour Björk, qui célèbre les noces “du Kama-Sutra et de l’industrie robotique”. Au-delà du clip, Chris Cunningham s’illustre également dans la publicité et l’illustration d’album, mais connaît moins de bonheur avec le cinéma puisque ses trois dantesques projets d’adaptations (RanXerox, de Liberatore, Le Neuromancien, de Gibson, et Substance Mort de K. Dick...) ne voient jamais le jour. C’est donc dans le domaine du court-métrage que va finalement s’exprimer l’artiste dans les années 2000, avec successivement Flex, Spectral Musicians (inédit à ce jour), et enfin le monstrueux (dans tous les sens du terme) Rubber Johnny, qu’on vous laisse découvrir par vos propres moyens ce vendredi à EVE, dans le cadre du Festival.

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