Voir Cohen et mourir

Que ceux qui ont loupé Leonard Cohen l’année dernière aux Nuits de Fourvière se rassurent : l’émotion des retrouvailles se reproduira cet été à Vienne. On se sent déjà tout chose. Aurélien Martinez

La billetterie avait été prise d’assaut en moins de deux, les places se revendant au marché noir jusqu’à quatre fois le prix initial. Il faut dire que c’était un véritable évènement : après quinze ans d’absence (il s’était retiré dans un monastère bouddhiste près de Los Angeles), Leonard Cohen remontait sur scène, passait par la France, et s’offrait même une date dans la région (à Lyon pour être précis). Dans les rangs des invités, quelques politiques et artistes tendances étaient venus voir la bête, pour pouvoir ensuite déclamer fièrement "j’y étais". Une bête qui s’averra phénoménale : à soixante-quatorze ans, l'auteur-compositeur-interprète de "tubes" comme Suzanne, I’m your man ou encore Hallejuah (si bien repopularisé par Jeff Buckley que l’on en avait presque oublié la version originale) arrive toujours à transcender le public lors de concerts généreux et très cérémoniaux. L’été dernier, il était donc là, au milieu de la scène, look façon parrain des années 30, accompagné de son groupe et de trois choristes. Et semblait flotter, porté par un public au paroxysme du bonheur, chacune des chansons se terminant par des salves d’applaudissements que Cohen ne manquait pas d’offrir à son tour à ses acolytes, sans cesse présentés au public. Le moment le plus fort arrivant quand la foule (composée de pas mal de quinquagénaires sans doute un brin nostalgiques) entonna en cœur un So long, Marianne plein de conviction. Le concert, qui dura près de trois heures, fut un moment musicalement intense même si, comme le signalait un confrère lyonnais un brin déçu, notre homme fit une impasse totale sur les morceaux de ses deux disques majeurs que sont New skin for the old ceremony et Death of a ladies’ man. On lui pardonne.

Voix abyssale

Finalement, ce genre de concert où l’artiste joue de la communion avec un public qui ne demande que ça, se prête parfaitement au cadre de Fourvière (on n’a pas vu les concerts parisiens à l’Olympia et Bercy, mais on suppute qu’ils avaient moins de tenue). Revoir Cohen à Vienne, à nouveau dans un théâtre antique, risque donc d’être encore un évènement de haute volée. Car le poète montréalais n’a rien perdu de sa voix grave et mélodieuse – bien au contraire –, l'intensité de ses interprétations restant toujours la même. Seul bémol (de taille) : il faut y mettre le prix, les places allant de 65 à 140 euros. Mais ça ne vaut pas Monaco (à la fin de l'été), où il les cèdera au prix de… 353 euros pièce ! Une véritable star en somme.

LEONARD COHEN
Mardi 18 août à 20h, au Théâtre antique de Vienne

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