Au cinéma le 31 mai 2023 : "L'Île rouge", "L'Improbable voyage d'Harold Fry"...

À l'affiche / Ce qu'on a pensé des films qui sortent dans les cinémas de Grenoble cette semaine.

À voir

★★★☆☆ L’île rouge

Madagascar, années 1970. Sur la base militaire française de l’île indépendante depuis peu, la vie de quelques familles dans un cadre idyllique et hermétique, indifférentes aux aspirations de la population, est peu à peu rattrapée par les réalités politiques du pays. Regards croisés d’un enfant et d’une Malgache.

Entre la chronique d’une ambiance de fin de règne et les lambeaux d’une autobiographie, L’Île rouge compose le portrait hybride d’une époque vécue à la fois collectivement et individuellement ; à la fois dans et hors du groupe d’expatriés militaires. S’il peut donner l’impression d’entretenir l’existence de deux – voire trois ou quatre – films en un, ce changement de focalisation raconte le glissement d’une autorité réelle à une autre. Ou comment ceux qui vivent tels d’insouciants colons, d’éternels vacanciers au Club Med, en début de film, s’effacent progressivement pour laisser leur place aux insulaires natifs. Absents ou ravalés aux rangs subalternes (domestiques, prostituées…), ils accèdent à l’image, à la parole de plein droit et dans leur langue, signe que le temps est venu pour eux d’être enfin autonomes.

Parallèlement à ce transfert, l’histoire de l’émiettement de la famille Lopez vue à travers un enfant, double putatif du cinéaste vivant davantage dans l’imaginaire (les aventures de Fantômette, traitées ici avec un suave décalage poétique) que la réalité. Toujours allusif sans rien appuyer, Campillo évoque le racisme "structurel" des Européens bunkerisés dans leurs garnisons, excluant ceux qui s’abandonneraient avec les autochtones. Une vision singulière d’un sujet peu voire jamais traité.

De Robin Campillo (Fr.-Bel.-Mad., 1h57) avec Nadia Tereszkiewicz,  Quim Gutiérrez,  Charlie Vauselle


On s’en contente

★★☆☆☆  L'Improbable voyage d'Harold Fry

Paisible retraité britannique, Harold Fry reçoit un matin un courrier de Queenie, une ancienne collègue lui annonçant se trouver en soins palliatifs, à 700 km de chez lui. Saisi d’une bizarre impulsion, Harold décide d’aller lui rendre visite… à pied, persuadé qu’elle survivra jusqu’à son arrivée.

Ah, le feelgood movie à l’anglaise sur les vertus de la foi capable non pas de déplacer les montagnes, mais de permettre à un vieil homme anesthésié par les remords et un quotidien morose de faire la paix avec lui-même en accomplissant un acte altruiste – et spectaculaire. Rappelant (un peu) trop Forrest Gump dans la partie où Fry agrège malgré lui une troupe de pèlerins-crampons, ou Sylvain Tesson par son côté marcheur pastoral fringué en milord et buvant la rosée de l’aube bucolique, ce film téléphoné (dans tous les sens du terme) vaut surtout par la présence du toujours juste Jim Broadbent. Et des quelques flashbacks à l’image plus crue justifiant la neurasthénie du personnage – non, Harold n’a évidemment pas entretenu de liaison avec Queenie. Avertissement : peu regardante question vraisemblance, Hettie Macdonald est aussi fâchée avec les maquillages, les rajeunissements de personnage ou la continuité.

De Hettie Macdonald (G.-B., 1h48) avec Jim Broadbent, Penelope Wilton, Linda Bassett…

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