Innocences

Zoom / Encore une perle filmique tant au niveau de la réalisation que du propos. À travers l’épopée éprouvante de Gassem, garçon porté par un désir dévorant et enfant pauvre d’un village iranien, Abbas Kiarostami raconte et décrit en filigrane la société rurale et urbaine iranienne des années 70. On perçoit notamment dans des scènes fines et emblématiques aux dialogues très bien écrits, le rapport de l’adulte à l’enfant fait d’incompréhension et de violence, la répartition des rôles hommes, femmes, et la place de l’autorité incarnée par l’école. Gassem brûle donc d’une seule passion : le football. Ce qui fait le désespoir de sa mère et de sa grand-mère, mais ce qui ne semble pas affecté son père, quasi mutique et absent. Cet enfant intrépide préfère sortir les cages en ferrailles et taper le ballon dans les rues avec ses copains, plutôt que de se concentrer sur ses devoirs où d’écouter en classe le maître. Bien décidé à se rendre à Téhéran pour assister au match qui opposera l’équipe nationale, il bravera autorité, interdits, et d’une certaine manière se dépassera pour atteindre cet ailleurs, ce rêve, et plus largement pour quitter inconsciemment un monde étouffant et fermé. La ville incarnant tous les possibles. Pour cela, Gassem devra réunir assez d’argent, argent qui manque de toutes parts. Jamais à cours d’idées, énergique, plein d’espoir et aider par son seul ami Akbar, Gassem trouvera des astuces insolites, amusantes et symboliques (notamment l’appareil photographique, qui n’est pas sans rappeler l’œil du réalisateur). Réalisateur qui suit avec un regard tendre ce garçon touchant – une sorte d’Antoine Doinel à l’iranienne – dans les rues du village, le bus et enfin la capitale. A travers des plans et des images déjà innovantes, Abbas Kiarostami dit les sentiments et l’état psychologique troublé de ce garçon épuisé. Ce premier long métrage magnifique de l’auteur majeur qu’est Abbas Kiarostami place déjà les enfants au centre de son œuvre. SDLe PassagerDe Abbas Kiarostami (Iran, 1974, 1h11) avec Hassan Darabi, Massoud Zandbeglem…(VO, noir en blanc dès 8 ans)

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