Bas les masques

Andrew Pommier signe pour Spacejunk sa première véritable exposition tout seul comme un grand : entre dessin et peinture, il explore le motif du masque pour en extraire une étonnante mélancolie. Laetitia Giry

Mais d’abord, c’est quoi le concept Spacejunk ? « Board culture art centers », la description donnée en sous-titre sur le site internet est sans équivoque : le concept, c’est d’exposer les œuvres d’artistes de street art, sympathisants ou plutôt acteurs de la culture skate. Spacejunk, c’est aussi une sorte de chaîne (non, pas comme McDo ou Ikea) : quatre centres qui ont peu à peu vu le jour, les quatre accueillant chacun leur tour les mêmes expos au cours de l’année. Les publics de Bayonne, Lyon, Bourg-Saint-Maurice et Grenoble peuvent ainsi découvrir – en décalé, forcément – les mêmes artistes. Une sorte de toile d’araignée, vigoureuse et bien pratique. Ainsi, l’exposition présentée en ce moment à Grenoble a déjà vu la couleur des murs de Bayonne et Lyon. Si la curiosité s’empare de vous, là, maintenant, vous pouvez faire un tour sur le site : toutes les œuvres sont mises en lignes, accompagnées de photos des lieux respectifs, permettant de mesurer les différences d’affichage.I’m not afraid
S’il avait habitué certains à des dessins plutôt humoristiques (lors de l’exposition sur les stickers il y a quelques mois, le sien représentait un homme à tête de lapin vomissant une flopée de cœurs), Andrew Pommier a bifurqué pour cette série de peintures dans un monde plus sombre, scène d’un combat entre des apparences naïves et la cruauté qu’elles peuvent tout de même communiquer. En maculant de masques le visage de ses portraits– tous plus abstraits et bizarres les uns que les autres – l’artiste dit vouloir « tordre l’évident ». Et il le fait avec un certain panache, répondant au cahier des charges qu’il s’est lui-même fixé en affirmant que le masque « sert à la fois les personnes qui veulent effrayer les autres, et à l’opposé, qui peut être utilisé par quelqu'un pour se cacher des maux du monde ». Couleurs franches et primaires, grands yeux hallucinés et tristes, formes imberbes et lisses – inquiétantes comme des aliens – les caractéristiques de ces portraits font d’eux des machines bien rodées, fruits d’un imaginaire acceptant volontiers toute forme de bizarrerie. Mention spéciale à « The Mystic Eyes », regard perçant et félin sur fond noir, un pas de côté au sein de la série, révélateur pourtant du système en marche : quelque chose nous guette, et c’est un peu flippant.Andrew Pommier « At the time of fear »
Jusqu’au 29 janvier chez Spacejunk.

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