"Perben est dans le coup"

Entretien / Vincent Palix, étudiant en management et chargé de l'événementiel pour la campagne de Dominique Perben. Propos recueillis par DA

Que pensez-vous des actions qui ont été menées en direction de la nuit à Lyon, depuis 2001 ?
Vincent Palix : Pour moi, l'unique action marquante et à retenir de ce mandat sera les Nuits Sonores. Je reconnais volontiers que c'est devenu un rendez-vous annuel important et apprécié. Il faut évidemment le poursuivre mais surtout le développer. Depuis son lancement, j'ai du mal à percevoir les améliorations qui ont été apportées. Le format évolue peu malgré le succès et je me souviens que cette année la Mairie n'avait pas prévu de lieux assez grands pour accueillir tout le public... Ce manque d'anticipation et en fait d'ambition est assez symptomatique de la municipalité. Ils ont une idée, mais ne se donnent pas les moyens de la développer. De plus, si on veut que cet événement devienne un des fleurons de la ville, il doit absolument s'ouvrir au plus grand nombre. Par exemple, il faudrait réfléchir à doubler ces nuits de soirées de découverte, d'initiation à cette musique. En effet, les Lyonnais s'approprieront réellement les Nuits Sonores seulement si on les rend accessibles au plus grand nombre par des actions ponctuelles et didactiques. Je pense notamment à une école de Dj où chaque lyonnais pourrait s'adonner au mixage afin d'en découvrir les bases... Pourquoi pas faire naître des vocations et retrouver dans quelques années ces apprentis Dj en stars invitées... La vie nocturne doit-elle être valorisée ? Avant tout, il faut se demander ce que l'on veut faire de la nuit à Lyon. Elle doit entrer dans une politique globale, à l'échelle de la ville et y trouver toute sa place. On a trop tendance à écarter la vie nocturne des grandes décisions politiques alors que tous les Lyonnais sortent ! La contrainte majeure réside dans le fait de marier tous les styles de vie nocturne dans le respect des habitants. De plus, quand on se prend à comparer Lyon aux grandes métropoles françaises et même européennes, je ne pense pas que nous soyons en situation favorable... J'insiste, une politique de la nuit se construit dans la durée et au sein d'un projet global et ne doit pas se limiter à un ou deux gros événements annuels qui en plus ne sont pas coordonnés entre eux ! Enfin, on a trop tendance à oublier que la vie nocturne est un commerce, une économie qui fait vivre un grand nombre d'établissements. Ces derniers ont une part importante dans le dynamisme de la ville. Aujourd'hui Lyon, ce sont 140 000 étudiants ! Je suis bien placé pour le savoir, la vie étudiante à Lyon n'est pas la plus agréable qu'il soit. Le journal L'Étudiant classait en mai dernier Lyon à la 21e place sur 31 villes et même 22e pour le dynamisme, à des années lumière de Paris, Marseille ou même Saint-Étienne ! Pour la deuxième ville de France, vous trouvez cela normal ? S'il existait une réelle politique envers les étudiants, celle-ci prendrait en compte la vie nocturne et donc leur bonne intégration. C'est un préliminaire indispensable si l'on veut que la cohabitation avec les habitants se passe au mieux. Savez-vous que c'est seulement depuis cette rentrée qu'une ligne TCL dessert l'est de Lyon ? Que de temps perdu en six ans ! Serait-il judicieux de créer des pôles de loisirs pour éloigner ceux qui souhaitent avoir une vie nocturne des lieux d'habitation ? Quel est l'argument majeur de ceux qui veulent isoler les lieux de nuit ? Les nuisances. Quand vous sortez, vous vous rendez compte qu'elles sont le fait d'une minorité de personnes ou d'établissements qui peinent à faire taire leur clientèle une fois sur le trottoir. Pourquoi pénaliser tous ceux qui sortent à cause de l'incivilité de quelques-uns ? La coordination des différents services de l'ordre alliée à l'accompagnement des patrons de bars et discothèques dans l'éducation de leur clientèle (ou la sanction s'ils font preuve de mauvaise volonté) sont des options à étudier de près. J'entends partout que le maire de Lyon s'évertue à faire la vie dure aux professionnels de la nuit ! Est-ce une solution pérenne que de faire régner la terreur ? Je ne le pense pas. La charte de la vie nocturne qu'il a tenté de mettre en place est un florilège de bonnes intentions mais j'ai du mal à voir les réalisations sur le terrain. Sa méthode, à travers Confluence, consiste à déplacer le problème sans chercher à le résoudre, en regroupant tout le monde dans un parc. Pour moi, une ville épanouie est une ville qui vit dans tous ses quartiers en même temps. Que va-t-il se passer si le projet Confluence voit le jour ? La ville sera vidée de sa vie nocturne et je ne pense pas qu'une fois les rues vides, les Lyonnais soient plus heureux... Une ville épanouie est une ville où les habitants peuvent s'amuser sans avoir à traverser trois arrondissements pour entrer dans une foire de la nuit, de masse et standardisée. Une vie nocturne de qualité influe-t-elle sur le rayonnement d'une ville ? Lorsque l'on reçoit des séminaires de plusieurs milliers de personnes, des grands salons ou même des matchs internationaux, ce sont autant de personnes qui ont envie de sortir en fin de journée, qui veulent profiter de la ville hôte et ainsi faire marcher l'économie lyonnaise. Ce qu'ils retiendront de leurs activités nocturnes est aussi important que ce qu'ils auront fait en journée. Il faut absolument prendre cela en compte lorsque l'on veut vendre Lyon à l'étranger ou même en France. Quand on prend l'exemple de Barcelone, on se rend bien compte que l'on peut construire une image aussi sur la vie nocturne. Sans faire la même chose, Lyon se doit d'être créative et irréprochable dans l'accueil des visiteurs. Ce sont eux qui vendront le mieux la ville une fois rentré chez eux. Je vous certifie que c'est plus efficace et moins coûteux qu'une campagne de pub... Dominique Perben a pris conscience de cela depuis longtemps puisqu'il a mandaté Philippe Genin voici trois ans pour réfléchir à ces questions. Si Dominique Perben est élu, quelle sera sa "politique" pour la nuit ? Dominique Perben a fait le choix de proposer un vrai projet politique aux Lyonnais. Il propose une vision de Lyon qui s'appuie sur des valeurs fortes que sont la liberté, le partage et la responsabilité. Je trouve qu'elles se marient bien avec le concept de vie nocturne. Liberté, car il ne faut pas reclure ceux qui veulent profiter de leur ville la nuit dans un «ghetto». Au contraire, laissons la possibilité aux Lyonnais de choisir où sortir, dans quel quartier, selon leur envie tout en responsabilisant tous les acteurs. L'inaction de ces six dernières années a exacerbé les rancœurs et un énorme travail de dialogue est aujourd'hui nécessaire. Enfin, la dernière valeur est le partage car la nuit est le moment propice pour créer du lien social. Les ambiances, les contextes, les lieux sont différents et il se crée des échanges et des rencontres que la vie en journée ne permet pas. Autour de ces valeurs fortes, il est aisé de définir des axes de travail. Je pense notamment à l'importance que doivent jouer les élus d'arrondissement dans la médiation et la prise de conscience de chacun. Il faut coordonner les bonnes volontés et être sur le terrain pour connaître les besoins et les doléances et faire en sorte qu'elles trouvent un écho. Une mairie doit être un facilitateur et les élus doivent être les acteurs majeurs. Enfin, il faut rappeler que Dominique Perben connaît bien la nuit lyonnaise. Souvenez-vous que nous avons organisé des soirées par exemple au Life Can Wait, au Q Boat ou à la Voile qui ont réuni à chaque fois plusieurs centaines de personnes ! C'est bien la preuve qu'il est dans le coup et qu'il a conscience que la vie dans une ville ne s'arrête pas à la nuit tombée…

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