Chemin de croix

Musique / Un single aussi doucereux qu’efficace qui cartonne à l’étranger, un premier album accompagné d’un emballement médiatique absolument démesuré, et voilà Justice propulsé en plein cœur du champ de bataille. Damien Grimbert

Nouveaux héros pop, seuls capables de sortir la scène musicale française du marasme qui la caractérise pour les uns. Vulgaire et insupportable produit marketé pour les autres, symbolisant à lui seul la dégénérescence de notre société actuelle inapte à mettre en valeur les “vrais“ talents. Et comme d’hab’, la réalité est ailleurs. Retour en arrière. En 2003, le duo parisien formé par Xavier de Rosnay et Gaspard Augé sort un premier morceau sur l’encore tout jeune label Ed Banger, créé par le sémillant manager des Daft Punk, Pedro Winter. Hymne fédérateur aux influences pop, funk, disco et house, Never Be Alone, remix du groupe anglais Simian est un véritable carton sur les dancefloors. En France, mais surtout à l’étranger, où, distribué l’année suivante, le maxi bat tous les records. Conséquence logique, le duo est invité à mixer un peu partout, multiplie les remixes tous azimuts (Britney Spears, NERD, Death From Above 1979...) et accouche d’un 2e maxi en 2005 aux antipodes du précédent. Véritable claque dans la gueule, Waters of Nazareth est un ovni électro aux sonorités saturées, distordues, compressées et brutales, balançant un groove sale, hardcore et lyrique sur des dancefloors qui n’en demandaient pas tant.Syncrétisme électro2 singles et tout est dit ou presque, comme le confirmera a posteriori †, leur premier album, sorti en juin dernier. Au-delà de leurs gimmicks de production caractéristiques, rapidement transformés en marque de fabrique par une foule de suiveurs, les Justice se démarquent avant tout par leur capacité à mêler tout et n’importe quoi, en dépit du bon sens, mais avec un certain brio : opéra et disco, variété et heavy metal, mainstream et underground. Sur †, on retrouve ainsi en vrac des références musicales aux Jackson 5, à Dario Argento et aux Goblin, à Moussorgski, à Vladimir Cosma, à John Carpenter… En termes d’ identité visuelle, rebelote : croix religieuse en guise de logo, esthétique métal à la Metallica, slogan piqué au Double Impact de Jean-Claude Van Damme, clips zigzagants entre clins d’oeils graphiques (D.A.N.C.E. et ses t-shirts animés signés So-Me, DVNO et ses logos audiovisuels qui fleurent bon les 80’s) et provocation sulfureuse (le polémique Stress signé Romain Gavras, qui convoque pêle-mêle le clip de Come to daddy d’Aphex Twin, et les films Les Guerriers de la Nuit, la Haine, Orange Mécanique, et C’est arrivé près de chez vous pour illustrer la virée destructrice ultra violente d’une bande de jeunes banlieusards en centre-ville)… Symbole ultime de modernité, ou fourre-tout branchouille destiné à camoufler une effrayante vacuité ? Une chose est sûre, Justice ne ressemble à rien d’autre et ne laisse personne indifférent, ce qui devrait suffire à vous convaincre d’aller jeter un œil à leur grand-messe de vendredi.Justice / Uffie & Feadz / Poney Poney ven 16 mai, au Summum

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