Une nouvelle Shériff

Après un premier album prometteur, Laetitia Shériff confirme et amplifie avec Games over tout le bien qu’on pensait d’elle : une rockeuse française affranchie, inspirée et bien entourée. CC

À la sortie de son premier album, Codification, beaucoup de jeunes et jolies demoiselles tentaient une percée sur le front de la nouvelle scène française. Il en reste bien peu aujourd’hui, mais Laetitia Shériff est de celles-là ; son deuxième opus, Games over, est encore meilleur que le précédent. Car plutôt que de rentrer dans un moule, elle avait décidé de le casser d’emblée, en imposant des textes en anglais fortement marqués par les poètes américains et britanniques, un son rock et une équipe de choc pour l’accompagner, celle qui formait le backing band des plus beaux concerts de Dominique A (le guitariste Olivier Mellano et le batteur Gaël Desbois). Détail qui confirme cette singularité : Laetitia Shériff joue sur scène de la basse, là où d’ordinaire le sexe féminin préfère s’accompagner à la guitare (à commencer par la femme du Président). Se dégageait de tout cela une sensation de cohérence déterminée, une envie d’en découdre que le premier disque laissait affleurer.À livre ouvert
Games over commence par un morceau fulgurant au titre à rallonge : The Story won’t persist in being a closed book, qu’on pourrait traduire en “L’histoire ne se poursuivra pas par un livre fermé”. L’histoire, c’est l’histoire familiale, les origines inconnues, un thème déjà présent dans un morceau puissant de Codification. Autant dire que Laetitia Shériff, comme les meilleurs cinéastes, creuse un sillon d’obsessions récurrentes et qu’elle s’inscrit ainsi dans la catégorie enviée des vrais auteurs de chanson. Mais Games over recèle d’autres beaux trésors : des arrangements sidérants d’inventivité au service d’une voix qui n’a pas peur d’explorer toutes les pistes, du murmure aux harmonies. Sur Black dog, aux quelques notes de piano et de guitares initiales viennent peu à peu se mêler d’étonnants rythmes électro dignes de Mouse on mars. Si Cosmosonic est accompagné au seul toy piano, Easily influenced est presque entièrement synthétique, comme une électro-pop composée par Autechre ou Aphex Twin. Ce croisement entre rock et samplers aurait pu tenir du gadget ; au contraire, la rencontre entre l’organique et le virtuel décuple les émotions qui forment la matière brute de la musique de Laetitia Shériff. Un véritable coup de cœur estival, qu’on espère voir se transformer en coup de foudre sur la scène de Musilac !laetitia sheriffSam 12 juillet à 16h35, à Musilac

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