Nuits grenobloises : la paix des braves ?

ENQUÊTE / La mairie a pondu en juin dernier une charte de la vie nocturne destinée à calmer les tensions entre professionnels de la nuit et habitants du centre-ville. Sympa, mais ça va servir à quelque chose ou pas ? Aurélien Martinez

Grenoble : cité alpine bien peuplée au centre-ville tout mignon mais un brin étriqué. Un centre-ville pourtant lieu principal de sortie de la population, d’où une situation qui n’est pas sans poser problème, notamment entre riverains, professionnels de la nuit et fêtards. Qui n’a jamais haussé la voix en sortant d’un bar à une heure tardive ? À peu près personne. Un état de fait entraînant ainsi une guerre larvée entre habitants, indisposés par ce déferlement sonore jugé continu et insupportable (l’exemple du bar SOS Apéro rue Colbert, fermé administrativement pendant un mois suite à différentes plaintes, est symptomatique), et les gérants de bars et boîtes de nuit, de plus en plus contraints à se transformer en véritable service d’ordre ("Fais pas ci, fais pas ça, à dada prout prout cadet…"). Surtout que depuis l’interdiction de cloper à l’intérieur des établissements, la foule des fumeurs se répartit sur les trottoirs – et donc sous les fenêtres des habitants, ce qui n’est pas sans envenimer les choses, bien au contraire. « On nous a mis une bombe à retardement dans les bras avec cette question » explique Javier Colli du Loco Mosquito. « Avant l’interdiction, lorsque l’on avait deux personnes dehors, on avait les flics. Maintenant, même avec trente, personne ne peut rien dire ! » Entre un centre-ville dortoir et un centre-ville festif, il faudrait donc choisir ?La guerre selon Alain Pilaud
« On a fait cette charte pour que ce ne soit pas la guerre tout de suite (rires) ! C’est un des moyens de régulation des troubles du voisinage et des difficultés de relation entre les établissements commerciaux et leur environnement. » Alain Pilaud, adjoint (entre autres) à l’animation et aux droits de voirie auprès du Maire de Grenoble, nous explique ainsi, avec un brin de provocation, le pourquoi du comment de la mise en place de la charte de la vie nocturne. Une charte rédigée par un bon nombre d’acteurs en place (officiels, professionnels et habitants) et signée en juin dernier entre le Maire, le Préfet et des représentants syndicaux. « C’est une manière de jouer dans la durabilité. Il y a deux façons de tenir un bar : "prends l’oseille et tire-toi", ou établir une relation durable avec sa clientèle et son voisinage. La charte est un outil pour affirmer ce second choix. » Un document détaillé en plusieurs points (voir ci-contre), mais néanmoins plus de principe qu’autre chose. « Ce n’est que le rappel de règlements. On ne rajoute rien. C’est, de façon symbolique, un double engagement pour le tenancier : il est toujours obligé de respecter le règlement ; mais cette fois-ci de le respecter de façon vigilante. Et c’est aussi une promesse doublée d’un engagement des collectivités territoriales et de l’État : celui de faire respecter ces principes en se donnant les moyens nécessaires. » Un label sera ainsi créé pour que les clients puissent identifier les bars participant à l’opération. Ce projet s’accompagne aussi d’une grande campagne de com’ dans les rues grenobloises, qui rappelle à tous, façon bon père de famille, qu’on en peut pas faire dans la rue ce que l’on ne ferait pas chez soi (les affiches parlent d’elles-mêmes !).Intertitre
« On a envoyé un courrier à chacun des cafés-hôtels-restaurants pour les prévenir que l’on tenait la charte à leur disposition, ainsi que la demande pour la labellisation. Les quatre cents premiers courriers sont partis il y a trois semaines, et l’on a pour l’instant soixante-dix retours positifs [chiffres au jeudi 21 octobre – NDLR] » nous assure l’élu. Nous avons alors interrogé plusieurs responsables d’établissements. La plupart n’en n’ont pas entendu parler (comme au Loco Mosquito, à la Villa ou au Subway), mais n’y sont pas opposés par principe. D’autres (rares) l’ont déjà signée, à l’image du gérant du Phenomen, « parce qu’il valait mieux ! ». Enfin, à l’image d’Aymeric Ponsart du Marx XIII, quelques voix s’élèvent pour souligner la démagogie du procédé. La charte en est donc à ses débuts. Si clairement, elle ne sera pas la solution miracle aux problèmes posés (les clients ne vont sûrement pas devenir muets comme des carpes après avoir vu l’autocollant sur le fronton de leur bar, ou après avoir découvert les affiches de la Ville), elle a le mérite de clarifier la situation, de poser des bases, et de démontrer la bonne volonté de tous. Affaire à suivre…+ charte consultable sur www.grenoble.fr

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