Le côté obscur de la pop

MUSIQUE/ Ambiance rétro pop et punk glamour pour la seule soirée du festival qui aura lieu à la Bobine : ça tombe bien, on aura grandement besoin d’être débout avec ces trois groupes féminins qui envoient du lourd. Aurélien Martinez

L’année dernière, c’était les filles (et le garçon !) de Men qui avaient dynamité la scène de la Bobine avec leurs missives pop gay-friendly à même de rendre fluo n’importe quel cul béni. Pour cette nouvelle édition grenobloise du festival Les Femmes s’en mêlent, on mise sur Le Corps Mince de Françoise pour corrompre les derniers dévots égarés en plein parc Paul Mistral en ce début de printemps. LCMDF, c’est deux sœurs finlandaises, contrairement à ce que les sonorités de leur nom pourraient laisser penser. Pourtant, malgré leur accent prononcé, les jeunes Emma et Mia ressemblent à n’importe quel kid de cette époque mondialisée où, de New York à Paris, en passant par Melbourne et – donc – Helsinki, on arbore les mêmes coupes de cheveux et où l’on porte les mêmes sweats American Apparel turquoises. Récemment parties à Berlin, où l’air hype est sans aucun doute plus frais qu’en Finlande, les deux sœurs ont égaré en chemin leur troisième comparse des débuts pour sortir le mois dernier Love & Nature, leur premier album. Rien de bien révolutionnaire là-dedans, mais un son électro pop nerveux et un brin eighties, que certains rapprocheront de CSS ou de The Knife (deux références assumées par les demoiselles) : pourquoi pas, mais en moins bondissant alors. « Je suis la fille qui ne veut pas faire la fête » clame, en français (même si l’album est en anglais) leur chanteuse sur le titre Cool and Bored. Ironie potache de la part d’un groupe dont le son est une véritable invitation aux sautillements décomplexés, comme en témoignent les extraits de leurs concerts disponibles sur le web. Il ne nous en faut pas plus pour accourir les yeux fermés, nos Converse rouges faussement délacées aux pieds, et nos Ray-ban roses vissées sur le nez – oui, on s’en fout qu’il fasse nuit !Vers l’inconnu et au-delà
Un autre duo viendra lui aussi titiller nos corps fiévreux : Notic Nastic. Mais là, on quitte non sans regrets la cours de récré pour les free parties et leur son âpre, rugueux, entêtant. Un voyage mouvementé et saccadé entre New York et Berlin, avec aux commandes, deux femmes fantômes : « une machine musicale électronique anonyme » comme elles l’expliquent sur leur myspace – anonyme, car elles apparaissent sur scène cachées derrière « des masques entre aliens et princesses de l’Ancienne Égypte sous acide », et que le mystère, « c’est cool et excitant ». Un projet dark et pop plein de mystères qui, semble-t-il, prend tout son sens en live : on veut bien le croire. Mais la prestation la plus surprenante viendra sans doute du duo japonais Trippple Nippples (oui, oui, les triples tétons en VF), d’une exubérance à toute épreuve. Au jeu des citations, la référence à des formations majeures de la scène riot grrrl comme Chicks on speed ou le Tigre semble pertinente, même si les Trippple Nippples ont mis en place un univers cyberpunk qui leur est propre. Un monde festif construit autour de titres gaulés comme des hymnes (à l’image de Drink the haterade), et d’autres plus rétro au charme désuet d’une certaine pop asiatique kitsch qui en deviendrait risible si elle n’était pas élaborée avec le plus grand sérieux du monde. Pourtant, c’est surtout leur travail scénographique qui retient l’attention : complètement déjantées, dans des tenues confectionnées par leurs soins (elles sont toutes les deux issues d'une école de stylisme), voire presque nues, recouvertes de peinture (si l’on en croit ce que l’on a vu sur leur site), elles enflamment littéralement l’assistance, plongeant en son sein avec fougue. Et là, on ne sait pas pourquoi, mais l’on se sentirait presque capable de les rejoindre.LCMDF + Trippples Nippples + Notic Nastic
Samedi 2 avril à 20h30, à la Bobine

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