Fenêtre sur le monde

Danse / Notre lieu de naissance conditionne notre existence. Quand, dans les régions opulentes, la question de l’émigration de survie ne se pose pas, elle devient plus présente dans des pays où la misère règne et l’avenir semble dramatiquement bouché. D’où la volonté de certains de fuir, coûte que coûte. Traiter de ces épopées contemporaines via la danse hip hop est le parti pris du danseur et chorégraphe Hamid Ben Mahi (compagnie Hors série), qui s’est appuyé sur le roman de l’écrivain, poète et journaliste algérien Hamid Skif. Pour un spectacle fort évoquant la fin du périple, l’arrivée sur la terre promise. Hamid Ben Mahi campe ainsi un sans-papiers qui vit depuis des mois terré dans une chambre de bonne en « regardant par la fenêtre tomber la pluie », car à l’extérieur, le danger pointe. Il lui donne donc son corps, et aussi sa voix ; les deux témoignant d’un isolement physique et mental de plus en plus prégnant. Un sentiment que le chorégraphe transmet au spectateur avec justesse, tout en utilisant en parallèle plusieurs artifices (la bande son, la scénographie…) un brin appuyés. Qu’importe, cela n’amoindrit pas l’intensité de l’ensemble, résumée en une ultime phrase dans la note d’intention : « je danse parce que je ne peux pas rester immobile, je parle parce que je ne peu plus rester silencieux ».
AM