Une Fête des Lumières avec de grands noms européens

A priori similaire à l’édition dernière (trente propositions), très essentiellement sur une zone de Presqu’île qui s’élargit peu à peu, la Fête des Lumières, du 8 au 11 décembre, fait néanmoins place à des artistes européens majeurs, jamais venus jusqu’ici. Ce sont eux que nous attendons.

Cathédrale Saint-Jean : Filip Roca

Exit les partenariats avec Shangaï ou le Moyen-Orient comme sous l’ère faste des années Collomb, la Fête des Lumière privilégie de plus en plus des Européens. Et notamment des Espagnols comme Filip Roca qui va travailler sur Saint-Jean. Ce Lisboète d’adoption de 34 ans a été formé au design graphique à Belgrade. Le lot de la cathédrale est selon Romain Tamayo (le chargé de projet Fête des Lumières), de plus en plus porté sur l’écriture « innovante, moderne et technique ». Ez3kiel en montrait magistralement le chemin en 2016, dans un style très différent et analogique avec des roses cryogénisées, Nuno Maya et Carole Purnelle aussi en 2018. Ici, Filip Roca va chercher à revisiter le rapport au temps, avec un rythme dicté par un quatuor à cordes et des images algorithmiques assez contemplatives. Il est habitué aux projets sur des surfaces de grande ampleur comme il avait pu le faire sur le centre du Nobel de la Paix à Oslo ou la cathédrale de Pécs en Hongrie récemment.

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Parc de la Tête d’Or : Onionlab

Encore une équipe espagnole. Bien connue dans le monde du mapping et des installations, la troupe d’Onionlab occupe une grande scène de douze mètres d’arêtes équipées de lasers, projecteurs et machines à fumée « au service d’une écriture conceptuelle qui prend le pouls de la ville » nous précise Romain Tamayo, chargé de projets à la Ville de Lyon. En effet, les variations de lumière se feront en fonction des données de la qualité de l’air, de l’eau, de la pollution lumineuse et de la circulation à vélo. Cette forme de data design est totalement adaptée à Lyon, même si cet Agorythm a déjà été expérimenté à Barcelone l’an dernier. Au parc, Onionlab déploie une sorte de cube lumineux d’où partent des lasers rouges vers le ciel ; ça peut se regarder de loin ou, à l’inverse, être traversé par les passants. Le titre résume bien l’idée : une "agora" – un lieu de rencontre –, un "algorithme", ces « règles paramétriques qui collectent les données de la ville et les transforment en mouvements légers » comme ils disent et le "rythme" car le son et la musique varient et répètent des motifs.

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Parc de la Tête d’Or : Javier Riera 

Ça se passe aussi à la Tête d’Or, avec un Espagnol dont la signature est très reconnaissable : il projette ses travaux uniquement sur la nature. Javier Riera est peintre au début de sa formation qu’il a faite aux Beaux-Arts à Salamanque puis aux Ateliers d'Art Contemporain du Círculo de Bellas Artes à Madrid. Dans la capitale il a exposé peintures et photos de paysage dans le très précieux musée de la Reina Sofia. Mais depuis une quinzaine d’années, il travaille en milieu naturel. Très présent dans son pays où il enseigne la photo à l’université de Madrid, il a aussi exposé ses œuvres de land-art lumineuses en Grande-Bretagne, en République Tchèque et même en France pour le festival Annecy Paysages. Le voilà enfin à Lyon et c’est une des installations de la Fête des Lumières qui nous intrigue le plus. Des motifs géométriques, réalisés à partir d’équations comprenant les séquences de Fibonacci et le nombre d’or, sont projetés sur 100 m² d’arbres.


Place des Jacobins : Squidsoup 

Ils ont travaillé avec le compositeur de musiques électroniques Four Tet pour des show mémorables nimbés de rideaux de mini lumières. Ils sont allés scénographier des festivals comme le Burning Man et ont été copiés de nombreuses fois. Les artistes de Squidsoup, basés en Grande-Bretagne, vont partout et sont bardés de récompenses ; enfin ils viennent à Lyon ! Ils vont distiller leur multitude de micro-sources lumineuses de façon aérienne à 360° autour de la fontaine des Jacobins. L’idée est de figurer une nuée d’oiseaux car le terme "murmuration" désigne dans leur langue une masse « de milliers d'étourneaux tourbillonnant à l'unisson créant des formations dynamiques dans le ciel », comme ils le soulignent dans l’énoncé de leur projet. C’est aussi l’émission de sons. Créé en 2019 à Scottdale (Arizona), ce projet voyage pour la première fois. Il s’annonce comme l’un des moments les plus esthétiques et doux de la Fête qui s’éloigne du gigantisme et du déluge de couleurs (pour ça, allez voir du côté de la façade de la basilique de Fourvière).


Parc de la Tête d’Or : Studio Toer

Des points lumineux qui flottent au ras du sol ? Non, des lucioles par centaines. Les Néerlandais de Studio Toer se posent au parc de la Tête d’Or (décidémment un lieu incontournable de la Fête cette année, loin des grandes parades pyrotechniques d’antan et c’est heureux). Plutôt que de projeter sur la nature comme Javier Riera, ils la détournent et questionnent sa capacité à nous éclairer la nuit grâce à ces nuées de lucioles luminescentes, dispersées sur 500 m², faites de points lumineux à LED spécialement développés pour sembler planer dans les airs. Ce n’est pas la première fois que les Hollandais s’appuient sur la nature pour leurs œuvres. Avec Cumulus, ils créaient un parasol autonome qui se gonfle grâce à l'énergie solaire. La corrélation ville-nature et la préservation de l’environnement est une grande tendance de ce que les artistes imaginent ces dernières années.

Fête des Lumières
À Lyon du jeudi 8 au dimanche 11 décembre

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