Édito du n°913 - mercredi 18 décembre 2013 - Petit Bulletin Grenoble
« Non, ma fiancée n’est pas un Hobbit. » C’est le chanteur mégalo Kanye West qui l’assurait la semaine dernière, démentant ainsi les accusations dont est victime sa copine Kim Kardashian. « Elle ne vit pas dans un trou sous la terre, mais dans un manoir avec moi. »
Ok, d’accord, pas la peine de s’exciter comme ça Kanye. Surtout que, tu le sais bien, les gosses à l’origine de cette idée ne sont pas les moins imaginatifs que l’on connaisse. Ils vivent juste au milieu de nulle part (une ville dans le Colorado), ce qui visiblement leur a tapé sur le cerveau. Enfin, sur ceux de leurs créateurs, qui sont aux commandes de South Park depuis plus de seize ans.
Oui Kanye, tout ceci est juste une grosse blague, une nouvelle fois drôle et bien sentie. Car si la série animée de Trey Parker et Matt Stone est de qualité inégale, elle reflète souvent un état du monde, tant du point de vue politique que sociétal ou, comme ici, culturel (il faut voir le dernier clip de Kanye et Kim pour le croire). Et toujours avec une ironie acide et une lecture des enjeux sur le fil – il est impossible de cataloguer politiquement cette série où tout le monde s’en prend plein la gueule, même si certains l’ont tenté (en 2001, un essayiste américain a même inventé le terme South Park Republican).
Le meilleur exemple : les blagues redondantes sur les juifs du personnage central Cartman, qui sont faites sans que les auteurs se délivrent un brevet d’antiracisme (ça, c’est pour Charlie Hebdo) ou semblent faire leur un discours nauséabond (ça, c’est pour les très mainstream quenelles). Du coup, on adorerait que les quatre écoliers à bonnet viennent ausculter la France d’aujourd’hui ; il y aurait la matière pour une saison entière.
