Montagnes russes avec "Le Loup de Wall Street" et "Tragédie"

Édito du n°917 - mercredi 22 janvier - Petit Bulletin Grenoble

Il y a un art qui fonctionne sur l’écœurement. Le grandiose Loup de Wall Street de Martin Scorsese par exemple, sorti il y a un mois : trois heures remarquablement maîtrisées qui, normalement, devraient filer la nausée même au plus fasciné de chez les fascinés par cet univers clinquant, machiste et constamment sous drogue (d’ailleurs, ceux qui reprochent à Scorsese d’avoir été béatement subjugué par son sujet n’ont pas dû voir le même film que nous).

À l’autre bout du spectre, il y a un art qui fonctionne sur le dépouillement le plus complet. La pièce Tragédie du chorégraphe Olivier Dubois par exemple, en une de notre journal cette semaine : une heure trente remarquablement maîtrisée qui, normalement, devrait toucher même le plus réfractaire de chez les réfractaires à tout ce qui est spectacle vivant (d’ailleurs, ceux qui reprochent à Olivier Dubois d’en faire des caisses se doivent de ranger leurs préjugés cette fois-ci).

Voilà. Bon, bien sûr, Scorsese et Dubois n’ont pas grand-chose à voir, c’est certain. Mais leurs œuvres sans concession et sans didactisme poussent, différemment certes, l’être humain dans ses derniers retranchements, et interrogent de façon subliminale la notion de collectif. Notion que le trader Jordan Belfort, héros du Loup de Wall Street incarné par un Leonardo DiCaprio au sommet, vide de toute sa substance ; alors que les danseurs de Tragédie, véritablement bluffants, lui redonnent tout son sens.

Il y a un art qui donne envie de prendre les armes, et un autre qui donne envie d’étreindre la terre entière. Au PB, on adore les montagnes russes.

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