Édito du n°946 - mercredi 8 octobre - Petit Bulletin Grenoble
Divertissement et politique font-ils bon ménage ? Un débat vieux comme Thierry Ardisson qu’on a envie de conclure par un lapidaire "non" au vu du naufrage médiatique que nous a offert samedi soir Laurent Ruquier dans son émission On n'est pas couché. En cause, l'invitation lancée au très polémique – et de plus en plus politicien – Éric Zemmour, autour duquel l’intégralité de la soirée a tourné.
Autour de lui et de ses idées qui ont fait bondir tous les participants au show, des artistes (la comédienne Anne Dorval, la chanteuse Camélia Jordana…) aux politiques (Daniel Cohn-Bendit) en passant par les deux chroniqueurs (Aymeric Caron et Léa Salamé) ; et même le présentateur (Ruquier donc). Acculé, et parfois très habilement attaqué quand il tente une réhabilitation du régime de Pétain ou s'embourbe dans des chiffres sur l'immigration, Zemmour s’est débattu comme il pouvait – très mal dans l’ensemble. Tant mieux donc.
Sauf que cette fascinante mise à mort laisse un arrière-goût amer tant ces jeux du cirque médiatiques suintaient l’hypocrisie. Zemmour, ancien chroniqueur de Ruquier, est une star télévisuelle qui fait de l’audience, alors invitons-le pour qu’il présente ses idées rances. Feignons de nous indigner qu’on puisse encore tenir de tels propos en 2014 – sur les femmes, les homosexuels, les immigrés... Contemplons ensuite l’impressionnant buzz que l’on a créé sur les réseaux sociaux. Puis délectons-nous le lendemain des chiffres d’audience mirobolants – 1, 6 million de téléspectateurs pour 28.5% de part d'audience. On recommence très vite ?
