Un mix électrique 100% renouvelable ? Rapport de l’Ademe

Voilà un projet mobilisateur pour les 30 ans à venir !

Ce rapport personne ne l’aurait imaginé il y a quelques années, ni peut-être même quelques mois. Son auteur, l’Ademe, semble même surpris à la fois de son audace, ce que l’on peut comprendre compte tenu du mix électrique actuel et de ses acteurs, et encore plus des résultats, qui montrent que techniquement un mix électrique 100% renouvelable, est potentiellement réalisable à l’horizon 2050 avec un coût analogue au coût d’une production qui continuerait à faire la part belle au nucléaire

La 1ère force du rapport : ses auteurs
Il est toujours essentiel de savoir « d’où parlent » les auteurs d’un rapport, pour apprécier leur degré d’engagement. Dans ce cas précis, il semble que l’Ademe ait été très prudente pour ne pas être taxé de parti pris !

Déjà, même si sa raison d’être est d’accompagner la transition écologique et énergétique, l’Ademe, Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC), n’est pas réputée pour abriter un nid de dangereux écologistes radicaux. ARMINES-PERSEE, un des partenaires à qui a été confié la réalisation du rapport, est un centre de recherche rattaché à Mines Paris Tech, plutôt connue à une époque pour fournir les bataillons d’ingénieurs et de dirigeants de l’industrie nucléaire. D’ailleurs un des membres du conseil d’administration d’ARMINES est le CEA. ARTELYS, de son côté, commercialise des outils d’optimisation de la production énergétique et vend ses conseils aux industriels et aux instituions, sans idée préconçue sur la nature des sources d’énergie. Energies Demain est le seul partenaire dont le nom suggère un intérêt spécifique pour les énergies renouvelables.

La 2ème force du rapport : l’éventail des scenarii envisagés
Le rapport ne se contente pas de proposer un scenario idéal, dit de référence, à 100% d’énergies renouvelables. Quatorze variantes de mix électriques ont été optimisées avec des taux de pénétration de renouvelables plus ou moins importants (40%, 80%, 95% ou 100%), et en jouant sur différentes contraintes et perspectives :

  • Acceptation sociale plus ou moins forte de l’implantation des éoliennes et des panneaux solaires

  • Maîtrise et pilotage plus ou moins importants de la demande d’énergie

  • Niveau des avancées technologiques de certaines filières actuellement moins matures

  • Prise en compte d’années au climat exceptionnel (sécheresse, grand froid, …)

  • Niveau de financement et d’actualisation des installations d’énergies renouvelables

La 3ème force du rapport : sa prudence
Cette affirmation peut paraître paradoxale, mais l’Ademe appuie son rapport sur des bases connues et peu susceptibles de fantaisie : entre autres, sa propre étude prospective précédente (Visions 2030-2050), un rapport de la Cour des Comptes pour la projection des coûts des technologies, le scenario « Energy Technology Perpectives » de l’Agence Internationale de l’Energie et des recommandations de l’Union Européenne sur le mix énergétique à l’horizon 2050.

De plus, l’Ademe, dans son scenario de référence, est conservatrice sur certaines hypothèses : le taux d’actualisation des investissements qui est celui standard de la Commission de Régulation de l’Energie, des financements pas spécifiquement favorables aux énergies renouvelables, des hypothèses de rendement de certaines technologies restant identique d’ici 2050, etc.

La marge de manœuvre reste donc importante quand on sait l’impact d’une politique volontariste et mobilisatrice sur les déploiements d’infrastructures et sur les progrès opérationnels des technologies favorisées.

Un vrai projet mobilisateur pour les 30 ans à venir
Il ne faut pas voir ce rapport simplement comme la description étayée et crédible du mix électrique 100% renouvelable à l’horizon 2050.

Bien sûr à cause de certaines limites et hypothèses, clairement précisées par l’Ademe :

  • le rapport propose un scenario met ne rentre pas dans la problématique de la trajectoire qui nous permet de l’atteindre depuis la situation actuelle

  • un parc de voitures hybrides rechargeables et électriques de près de 50% et l’infastructure pour les recharger ; ceci dit un certain nombre de rapports table sur 40% de thermique seulement en 2050, l’hypothèse est donc plausible

  • l’impact sur l’emploi de certaines filières qu’il faudra évidemment prendre en compte.

Il faut le voir comme un outil de travail pour élaborer un vrai projet mobilisateur et fédérateur pour l’industrie, la société, les institutions, les organismes de financement, sans s’arc-bouter sur le seul scenario de référence. A l’heure où beaucoup se plaignent d’une société qui ne propose pas de perspectives à long terme, il faut saisir la balle au bond. Le sujet peut paraître uniquement technique, mais il dessine de vraies orientations de la société :

  • la production d’énergies renouvelables nécessite une prise en main et une responsabilité au niveau territorial, pour une société vraiment décentralisée

  • l’efficacité énergétique, condition sinequanone au scenario de référence, signifie rénovation des bâtiments et conditions de vie améliorées et moins coûteuses pour toutes les couches de la population, y compris les plus précaires

  • le pilotage de la demande et de la production a un impact direct sur l’urbanisme et sur les échanges locaux entre les usagers

Enfin, un tel projet amènerait forcément son lot de découvertes et d’améliorations technologiques permettant de développer de nouvelles filières et d’optimiser certains moyens de production au-delà de ce que nous imaginons aujourd’hui.

Mesdames et Messieurs les politiques, l’Ademe a fait son travail. Profitez de la pression de la COP21 pour esquisser une ambition forte qui remettra la société en marche.

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