Édito du n°991 - mercredi 11 novembre - Petit Bulletin Grenoble
Tout va bien, c’est juste quelques coups sur le visage d’une actrice. Et puis franchement, elle l’a bien cherché en allant jouer une prostituée dans ce film. Elle avait même été prévenue que ça allait lui arriver, alors de quoi se plaint-elle ? Vendredi dernier, la comédienne Loubna Abidar, star marocaine du film Much Loved dont on avait dit le plus grand bien lors de sa sortie en France en septembre, a rapporté sur Facebook l’agression violente dont elle a été victime à Casablanca.
« Tout cela pour un film que vous n'avez pas vu... Vous en avez vu uniquement ce qu’ils [les autorités marocaines –NDLR] ont voulu vous montrer. Jugez-moi à partir du vrai film » demande-t-elle face caméra, visiblement très affectée. Car oui, le Maroc a interdit la sortie de ce long-métrage sur la vie de quatre prostituées, invoquant « un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine, et une atteinte flagrante à l’image du Maroc ». Une censure qui, paradoxalement, illustre à merveille l’hypocrisie dénoncée par le réalisateur Nabil Ayouch.
« Je n'ai pas peur de mourir pour un film, mais j'espère qu'avec le temps les choses se calmeront et que la société marocaine évoluera » déclarait Loubna Abidar au Figaro lors de la sortie du film. Une agression révoltante (bien sûr, il ne fallait pas prendre le début de cet édito au premier degré) qui intervient après une autre perpétrée en juin sur un des acteurs. Eh ben…
À noter, pour ceux qui ne l’ont toujours pas vu, que Much Loved est encore à l’affiche à la Nef. Et que, niveau actu, la Tunisie sera bientôt le premier pays arabe à le diffuser.
Mise à jour : le texte de Loubna Abidar dans Le Monde expliquant pourquoi elle quitte le Maroc.