Le pont des espions de Steven Spielberg

Un pont qu'il n'est pas utile de traverser !

Un film de Steven Spielberg avec Tom Hanks, un scénario cosigné par les frères Coen, une critique unanime pour souligner un traitement original et sobre du film d’espionnage : comment résister ?

C’est justement dans ces circonstances que la vigilance devrait grimper d’un niveau et vous faire prendre sur vous pour ne pas se précipiter le premier jour pour voir le film tendance de la semaine. Au risque d’avouer en société « Non je n’ai pas vu le dernier Spielberg » et d’affronter ces regards consternés qui vous jugent vraiment incapables d’apprécier les œuvres de bon goût dont la subtilité vous a évidemment échappé.

Donc je l’ai vu. Du début à la fin le convenu du scénario le dispute à la lourdeur des plans, culminant dans le regard enamouré de Madame devant son homme écroulé et endormi sur son lit à son retour, lorsqu’elle comprend le rôle qu’il a joué, elle qui le pensait à Londres et l’avait prié de ramener de la marmelade d’oranges.

Les acteurs sont figés, les décors sentent le carton-pâte, Spielberg ne se donne même pas la peine d’entretenir un soupçon de suspense, les soviétiques acceptent quasi immédiatement les exigences des américains, les allemands de l’est font semblant de gonfler leurs muscles mais personne ne croit une demi-seconde qu’ils bloqueront l’échange – on nous explique gentiment, pour éviter tout angoisse, leur nécessité de ne pas donner l’image d’un pays vassal de l’URSS.

Lors d’une interview récente sur France Inter, Steven Spielberg expliquait que pour son premier film d’espionnage, il n’avait pas souhaité perdre les spectateurs avec différentes pistes, ce qui fait souvent le sel du genre. On le rassure, son objectif est pleinement atteint : en se haussant légèrement sur la pointe des pieds dans les cinq premières minutes, on voit au bout de la ligne droite le dénouement de l’histoire.

L’atonie et la paresse de ce film ne rendent certainement pas hommage à M. James Donovan, dont l’histoire vraie l’a inspiré, et qui devait être d’une autre moelle pour affronter seul en pleine guerre froide les autorités des pays de l’Est, courageusement poussé en première ligne par la CIA, qui lui avait annoncé qu’elle le lâcherait à la moindre erreur.

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