Les Deux amis, un film de Louis Garrel

Inspiré par Les Caprices de Marianne d’Alfred Musset, tragi-comédie sur le thème de l’amour et de la loyauté, le jeune réalisateur a présenté à la semaine de la critique à Cannes, Les Deux amis, son premier long-métrage, après Le petit tailleur, un moyen-métrage en noir et blanc. Coécrit avec Christophe Honoré, l’acteur/réalisateur joue Abel, un écrivaillon gardien de parking, ami de Clément (Vincent Macaigne), un type au cœur sensible, épris de Mouna, vendeuse dans une sandwicherie Gare du Nord qui rentre tous les soirs en prison.

Jules et Jim, César et Rosalie, Les Amours imaginaires… Le triangle amoureux semble fasciner les cinéastes. En 2012, Louis Garrel réalise La Règle de trois, un court-métrage avec Golshifteh Farahani et Vincent Macaigne, dans lequel il est question d’un couple à la dérive qui se retrouve en charge d’un ami dépressif. Dans Petit Tailleur, Louis Garrel filme l’emprise d’une actrice (Léa Seydoux) sur un apprenti couturier (Arthur Igual) pris en étau entre son travail et sa passion amoureuse. Avec Les Deux amis, Garrel porte également à l’écran un homme en prise avec l’obsession amoureuse, celle de Clément, parisien au cœur sensible, éperdu de Mona, jeune femme en liberté conditionnelle. Mais contrairement au Petit Tailleur, il n’est pas question d’amour partagée, puisque le coup de foudre de Clément pour Mona est univoque. La jeune femme n’est pas amoureuse et n’est pas disposée à l’être. Comme le titre du film l’indique, c’est la relation entre les deux amis qui intéresse Louis Garrel. Mona (Golshifteh Farahani) sert d’élément déclencheur. C’est par le biais de cette jeune femme au caractère bien trempée que l’amitié qui lie Clément à Abel se retrouve bousculée, tiraillée entre la loyauté et leur attirance respective pour Mona. Alors que la tension du triangle amoureux reste en sourdine dans La Règle de trois, elle va ici éclater, et c’est d’ailleurs ce qui est beau dans le film de Louis Garrel : sa capacité à filmer deux amis qui se retrouvent face à face, deux amis qui se critiquent sans séparer, deux amis pieds et poings liés par peur de la solitude et par attirance pour cette femme.

Bien qu’un peu lent dans sa première partie et présentant des personnages masculins un peu stéréotypés (des déclassés branchés) le film prend de l’ampleur à partir du moment où Abel, "le messager", "l'intermédiaire", se retrouve confronté à Mona, confronté à sa fougue et à sa soif de liberté. Garrel laisse alors parler ses influences, Honoré bien sûr avec ces scènes de bar rappelant La Belle Personne mais aussi la Nouvelle Vague avec ces courses à perdre haleine dans les rues de Paris. Le jeune réalisateur y distille une certaine fraîcheur par le choix de la musique, passant du rock indé de King Krule à la musique classique, signée Philippe Sarde, le compositeur attitré de Sautet. Un mélange des genres qui correspond bien au style de cet acteur/réalisateur qui, avec ses deux premiers films, réinterprète la Nouvelle Vague à partir d’une expérience contemporaine de la jeunesse.

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