Banksy, la broyeuse à papier et la folie du marché de l'art

Édito du n°1108 - mercredi 10 octobre 2018 - Petit Bulletin Grenoble

« C'est certainement la première fois dans l'histoire de la vente aux enchères qu'une œuvre d'art se déchiquette automatiquement après être passée sous le marteau. » Voilà ce qu’a déclaré un représentant de la maison d’enchères Sotheby’s vendredi 5 octobre à Londres après le coup du street-artist britannique (et anonyme) Banksy. À savoir l’autodestruction d’un tableau (une reproduction en peinture acrylique et aérosol d’une de ses plus célèbres images – une petite fille laissant s'envoler un ballon rouge en forme de cœur) vendu à presque 1.2 million d'euros grâce, visiblement, à une broyeuse à papier dissimulée dans le cadre.

Un acte spectaculaire (et très photogénique, d’où sa viralité sur les réseaux sociaux) qui pose de nombreuses questions quant à sa réalisation, sa préméditation et même sa véracité – la journaliste Béatrice de Rochebouët a parfaitement résumé tout ça dans un article pour Le Figaro. Et qui, surtout, a le mérite de démontrer une nouvelle fois la folie dans laquelle le marché de l’art a plongé depuis des années, dévorant tout sur son passage, même des pratiques comme le street art censées être revendicatives.

Mais comme ce marché par essence capitaliste est plein de ressources et n’est visiblement pas prêt à se questionner frontalement sur ses agissements beaucoup trop rentables, il y a fort à parier qu’il saura tirer profit de cette mésaventure. Et que nous pourrons, dans quelques années, retrouver en vente le tableau en question (donc partiellement déchiqueté) à un prix encore supérieur. Démoralisant.

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