Baadasssss

Cinéma / Comme bon nombre de rappeurs US contemporains, Snoop Dogg a promené sa silhouette dans des productions furieusement bis, tout en étant l’un des seuls à s’être imposé dans des films plus grand public. FC

Fin des années 90. Alors que la guérilla entre East Coast et West Coast fait rage, certains producteurs peu scrupuleux voient le cinéma comme le moyen de glorifier durablement l’apparat “authentique“ de leur poulain, avec en ligne de mire un hommage au genre fondateur (la Blaxploitation). Le but est de renforcer l’image violente et le background fiévreux des artistes, de leur faire prendre des attitudes poseuses à mort, et d’assortir le tout d’une soundtrack qui déchire. L’un des “pionniers“ opportunistes de la Gangsta Exploitation n’est autre que Master P, rappeur-basketteur-entrepreneur-milliardaire avec un ego gros comme ça, persuadé qu’il peut faire ployer l’industrie du 7e art sous ses blings blings. En deux ans, Master P fait tourner Snoop Dogg dans une flopée de longs métrages destinés au marché vidéo (MP Da Last Don, Da game of life, I got the hook up, The Wrecking Crew, Hot Boyz, Urban Menace et The Eastsidaz), qui donnent un “bon“ aperçu de ce sous-genre mercantile : des intrigues à pleurer, des mises en scène emphatiques et ridicules, des scènes d’action bâclées, et surtout des comédiens m’as-tu-vu, trop défoncés pour apprendre leurs textes.Doggy les bons tuyauxDans ces catastrophes artistiques, Snoop Dogg tire sans problème son épingle du jeu, avec pour lui une vraie présence charismatique. En 2001, ses seconds rôles dans Training Day et Baby Boy dévoilent un comédien plutôt doué pour peu qu’on le dirige un minimum. Las, il préfère enquiller sur Bones, série Z où il campe un gentil mac (!) réveillé des morts par une bande de djeuns qui veulent transformer son ancien bordel en boîte de nuit (!!!) ; et sur The Wash, comédie méta poussive avec Dr Dre qui ose remaker le Car Wash mythique (enfin, surtout pour sa bande-son) des années 70. À partir de là, Snoop Dogg accepte tous les rôles qu’on lui propose sans distinction : des doublages de dessins animés, des apparitions dans des séries, Uggy les bons tuyaux dans Starsky & Hutch… En attendant de trouver le réalisateur qui le fera définitivement entrer dans le panthéon cinématographique, Snoop Dogg officie également comme producteur sur deux DVDs “sexy“, Doggystyle et Girls gone wild : Doggystyle, sortes de pornos soft atrocement mal filmés, destinés à ses fans les plus violents (les bandes originales en sont le seul intérêt), et qui témoignent de la relation entre l’artiste et le cinéma : un caprice de plus en attendant LE rôle qui le fera enfin sortir de sa routine.

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