Young yakuza

de Jean-Pierre Limosin (Fr, 1h39) documentaire

C’est en tournant les bonus du DVD de Novo que Jean-Pierre Limosin rentra incidemment en contact avec un chef de clan yakuza (la pègre japonaise). Ce dernier lui fit la proposition de suivre son organisation de l’intérieur pendant plusieurs mois – à la condition, assez évidente, de ne filmer aucun acte criminel. Jean-Pierre Limosin s’accommode sans peine de ces contraintes, et construit par touches a priori anodines le portrait d’un authentique système dans le système, dont les codes archaïques installent la fascination comme la distance coutumière du cinéaste.
Ce dernier procède narrativement en deux temps : via le “recrutement“ de Naoki, un post-ado désœuvré, puis par un glissement progressif de la caméra vers la figure intimidante du chef de clan - lequel attire l’attention comme un aimant dès sa tétanisante première apparition. Avachi dans son fauteuil, vêtu d’un improbable blouson bariolé, l’homme s’impose illico comme une incroyable matière cinématographique, d’une ambivalence passionnante.
Lucide sur la “précarité“ de ses activités, pertinent dans son analyse des mécanismes poussant les jeunes recrues à rejoindre ses rangs, il peut s’avérer glaçant dans la seconde suivante, nous rappeler son statut en un battement de paupières. Le coup du sort qui isole sa famille du reste du clan dans le dernier tiers du film l’humanise enfin, sans que Limosin ne succombe pour autant au piège de l’empathie déplacée.
Le metteur en scène procède comme à son habitude, avec une langueur calculée et un jeu subtil sur les ruptures de ton (ici, des interludes hip hop faisant écho aux marasmes sociaux dont les yakuzas demeurent les étendards). Et nous livre de fait son meilleur film. François Cau

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