" Drunk" : qui abuse, boira…
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Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Grenoble
L’honnêteté critique oblige à avouer que Michael Kohlhaas commence mal. Sa première demi-heure, trop longue, mal racontée, est une laborieuse exposition de ses enjeux. Arnaud Des Pallières semble pétrifié face au texte de Kleist qu’il adapte, et en respecte la lettre jusqu’à oublier la plus élémentaire des concisions cinématographiques. Il faut d’abord faire comprendre le conflit qui oppose le marchand de chevaux Kohlhaas aux autorités, puis son environnement familial, puis l’assassinat de sa femme et, enfin, sa décision de soulever le peuple pour réclamer justice. Le tout est mis en scène dans des plans lents et austères, cadrés au cordeau et soulignés par un boum boum de tambour en guise de musique.
On voit bien que le cinéaste cherche à se tenir à égale distance de l’ascétisme façon Straub et de l’académisme européen en costumes, mais sa proposition semble surtout réconcilier les deux autour d’un ennui commun. Alors qu’on s’apprête à subir la suite, Des Pallières sort une séquence magistrale où la petite armée de Kohlhaas décime un château à l’arbalète. Chaque plan dessine une action millimétrée, fluidifiée par un montage qui le transforme en long mouvement harmonieux.
La guerilla conduite par le héros, qui fera descendre de son trône une princesse glaciale et fascinante, ne retrouve jamais vraiment la grandeur de ce passage. Mais le film a l’intelligence de combler son manque d’ampleur par des décisions payantes, comme celle de laisser les comédiens apporter une charge émotionnelle très forte à leur personnage. Mads Mikkelsen en premier lieu, qui fait de Kohlhaas un être à la fois réfléchi et à fleur de peau, d’une droiture quasi sacrificielle ; dans la scène où il se confronte à un pasteur faussement conciliant joué par un Denis Lavant habité, on assiste au spectacle de deux acteurs faisant entendre la langue difficile de Kleist avec une aisance exceptionnelle.
Car il y a des choses à entendre là-dedans ; il y est question de privilèges et d’amnistie, de justice et de vengeance sociale, de ce qui relève du principe et de ce qui tient du compromis. Kohlhaas passe de la révolution armée à la real politik, constatant amèrement l’instinct de préservation des puissants, qui coupent une tête turbulente pour mieux garder la leur sur les épaules. Cinq siècles plus tard, toute ressemblance avec des événements récents ne serait que tragique ironie.
Michael Kohlhaas
D’Arnaud Des Pallières (Fr, 2h03) avec Mads Mikkelsen, Denis Lavant…
Sortie le 14 août
L’honnêteté critique oblige à avouer que Michael Kohlhaas commence mal. Sa première demi-heure, trop longue, mal racontée, est une laborieuse exposition de ses enjeux. Arnaud Des Pallières semble pétrifié face au texte de Kleist qu’il adapte, et en respecte la lettre jusqu’à oublier la plus élémentaire des concisions cinématographiques. Il faut d’abord faire comprendre le conflit qui oppose le marchand de chevaux Kohlhaas aux autorités, puis son environnement familial, puis l’assassinat de sa femme et, enfin, sa décision de soulever le peuple pour réclamer justice. Le tout est mis en scène dans des plans lents et austères, cadrés au cordeau et soulignés par un boum boum de tambour en guise de musique.
On voit bien que le cinéaste cherche à se tenir à égale distance de l’ascétisme façon Straub et de l’académisme européen en costumes, mais sa proposition semble surtout réconcilier les deux autour d’un ennui commun. Alors qu’on s’apprête à subir la suite, Des Pallières sort une séquence magistrale où la petite armée de Kohlhaas décime un château à l’arbalète. Chaque plan dessine une action millimétrée, fluidifiée par un montage qui le transforme en long mouvement harmonieux.
La guerilla conduite par le héros, qui fera descendre de son trône une princesse glaciale et fascinante, ne retrouve jamais vraiment la grandeur de ce passage. Mais le film a l’intelligence de combler son manque d’ampleur par des décisions payantes, comme celle de laisser les comédiens apporter une charge émotionnelle très forte à leur personnage. Mads Mikkelsen en premier lieu, qui fait de Kohlhaas un être à la fois réfléchi et à fleur de peau, d’une droiture quasi sacrificielle ; dans la scène où il se confronte à un pasteur faussement conciliant joué par un Denis Lavant habité, on assiste au spectacle de deux acteurs faisant entendre la langue difficile de Kleist avec une aisance exceptionnelle.
Car il y a des choses à entendre là-dedans ; il y est question de privilèges et d’amnistie, de justice et de vengeance sociale, de ce qui relève du principe et de ce qui tient du compromis. Kohlhaas passe de la révolution armée à la real politik, constatant amèrement l’instinct de préservation des puissants, qui coupent une tête turbulente pour mieux garder la leur sur les épaules. Cinq siècles plus tard, toute ressemblance avec des événements récents ne serait que tragique ironie.
Michael Kohlhaas
D’Arnaud Des Pallières (Fr, 2h03) avec Mads Mikkelsen, Denis Lavant…
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