La dérive des continents

Henry Saint Clair Fredericks, plus connu sous le pseudonyme de Taj Mahal, est une sorte d'anomalie dans l'Histoire de la musique américaine : l'un des rares musiciens de sa génération native du début des années 40 et nourrie de musique en abondance se désintéressant pourtant du phénomène rock'n'roll et de ses divers avatars, préférant au charme de la nouveauté celui de la tradition jazz, gospel et même classique.

Sans doute peut-on y voir l'influence de parents qui ont connu, avant d'émigrer vers le Massachusetts, l'effervescence de la "Renaissance d'Harlem", important mouvement artistique de l'entre-deux-guerres marquant l'affirmation de la culture afro-américaine sous toutes ses formes.

Maîtrisant à peu près tout ce que la musique compte d'instruments à cordes (guitare, banjo, dobro, dulcimer et une quinzaine d'autres...), ethnomusicologue diplômé, Taj Mahal met sa science au service d'une remontée du courant americana aux sources du blues, de la country, du folklore natif, hawaïen et au-delà de la musique des Caraïbes (d'où la famille de son père, descendante d'esclaves, est originaire), y compris le reggae.

Griot américain

Cette exploration toujours plus poussée de la tradition, muée en ouverture au monde, Taj Mahal la partage avec l'un de ses premiers complices des 60's au sein des Rising Sons : Ry Cooder. Comme lui, il figure une sorte de griot américain, de gardien du temple. Comme lui aussi, il se tourne volontiers vers l'Afrique et comme lui, toujours, collabore avec le bluesman malien Ali Farka Touré.

Puis avec le prince de la kora Toumani Diabaté sur l'album Kulanjan, il y a quinze ans déjà. L'échange se poursuit avec Bassekou Kouyaté, protégé de longue date de Diabaté et virtuose du n'goni, une autre forme de luth mandingue qu'il aime à électrifier pour dynamiter – un peu – la tradition sacrée.

Après avoir collaboré à Kulanjan, Kouyaté avait invité Taj Mahal sur son dernier album Jama Ko et les deux musiciens se retrouvent régulièrement sur scène. Ce sera encore le cas lors de la Nuit africaine de Jazz à Vienne (avec aussi Fatoumata Diawara & Roberto Fonseca et Youssou N'dour) pour un ping-pong américano-africain qui s'annonce, comme à chaque fois, totalement fiévreux.

Nuit Afrique, vendredi 11 juillet à 20h30, au Théâtre antique de Vienne

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