Inquiétantes marionnettes

Pour sa neuvième édition, le Festival de la marionnette recentre ses activités « le long de l’autoroute », en investissant les différents lieux culturels de l’ouest grenoblois. Et construit année après année une prog de plus en plus tournée vers un public adulte. Aurélien Martinez

Vacances d’hiver = festival de la marionnette. Cette équation typiquement iséroise prend une nouvelle fois forme en ce mois de février grâce à l’action de la Petite roulotte, aux commandes du vaisseau depuis 2004. Une manifestation qui a connu plusieurs formes, et s’est souvent étalée aux quatre coins de la ville. Cette année, les lieux partenaires (les Théâtres 145 et de Poche gérés par le Tricycle, le 102, et le tout frais Prunier Sauvage) ont été scrupuleusement choisis pour éviter de disperser inutilement le festival, et lui assurer de facto une cohérence géographique. De plus, à l’intérieur même de cette team de quatre, une autre division a été opérée, l’équipe organisatrice confiant au Prunier sauvage les spectacles clairement adressés au jeune public. Un acte là aussi de clarification, qui peut être vu comme une marque de soutien forte adressée à ce nouvel équipement culturel implanté dans un quartier (celui de Bachelard) jusqu’à présent culturellement délaissé. Mais on ne peut pas évoquer ici les deux créations programmées dans ce cadre, car on ne les a pas vues !

Quand le vernis craque

On s’attardera plutôt sur la compagnie bretonne Tro-Héol, qui présentera deux créations. D’abord La Mano, conviant habilement le fantastique sur scène. Soit les aventures d’un boucher qui, après avoir perdu sa main dans un accident de travail, entame un dialogue avec une nouvelle main greffée. « Je n’avais pas prévu de partager le reste de ma vie avec la main d’un mort » s’énerve la marionnette face à son nouvel organe bien indiscipliné. Le travail de la compagnie sur la fabrique d’un univers original est soigné (on pense beaucoup aux peintures de Goya – inspiration d’ailleurs revendiquée par les artistes), comme en témoigne la première scène où le coup du sort tant attendu est sans cesse repoussé, la jovialité de la marionnette semblant inébranlable dans ce décor pourtant inquiétant. Le Meunier hurlant est l’autre spectacle de la compagnie programmé, où l’aspect plus féerique de la nature nordique (l’action se déroule en Finlande) tranche avec la violence du propos. Car ce fameux meunier, interprété par un comédien de chair et de sang, se voit rapidement rejeté par les habitants-marionnettes de son nouveau village qui le jugent anticonformiste. Tro-Héol proposent ainsi deux fables corrosives pour un public d’adultes et d’adolescents, nichées dans un festival de plus en plus exigeant (mentionnons aussi le travail mené par le 102 autour du cinéma expérimental), le programmateur Loïc Cloez nous confiant que la programmation de cette année est celle dont il est le plus fier.

Le festival de la marionnette, du samedi 11 au mardi 21 février, dans divers lieux grenoblois.

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