La Gourguillonnaise dans l'impasse

Politique Culturelle / Quand elle a été créée en 1975, la Gourguillonnaise avait pour ambition de permettre aux agents de la Métropole et de la Ville de Lyon de pratiquer des activités culturelles à moindre coût. Depuis, d'autres adhérents ont rejoint ses rangs. Problème : les collectivités publiques veulent réduire la voilure. Le point sur la situation.

Au commencement, l'association a vu le jour 20 montée du Gourguillon, dans des locaux municipaux à l'initiative d'employés de la Ville et de ce qui, à l'époque, s'appelait encore la Courly et deviendra la Métropole. Objectif : proposer des activités culturelles aux employés à des tarifs préférentiels et promouvoir la culture. La Gourguillonnaise est ainsi la sœur jumelle de Lyon Sport Métropole (ex ASCUL). Dans les les années 80, elle perd le charme de son quartier ancien, garde son nom et migre dans une zone qui subodore à peine son développement : Gerland. La surface est de 1600 m². Immense. Un terrain idéal pour multiplier les activités (jusqu'à onze différentes – huit aujourd'hui) et surtout accueillir un public autre que les employés de ces deux entités publiques car le secteur géographique était assez déserté en la matière. Actuellement, La Gourguillonnaise compte 360 adhérents dont 43% émanent de la Ville et la Métropole. Parmi les 57% d'extérieurs, plus de la moitié sont des habitants du 7e et viennent donc par proximité. Au maximum, il y a eu 450 adhérents il y a une quinzaine d'années.

Des partenariats ont été établi avec la compagnie de théâtre Au fait qui occupe les murs le matin et participe aux frais à hauteur de 900€ par an. La salle de théâtre de 90 places construite par Bernard Prospéri et ses amis est également louée douze à quatorze fois par an et La Gourguillonnaise empoche 40% de la billetterie avec un plancher minimal de 100€.

La Métropole reste silencieuse

Le bâtiment appartient à la Métropole qui rémunère aussi les trois permanents (un gestionnaire et deux gardiens en retour vers l'emploi). Elle verse chaque année une subvention d'autonomie de 205 000€ : 85 500€ de loyer (80 000 pour ces locaux + 5500 rue Paul Bert où se trouve le lieu de la batucada, très active) et les salaires d'un montant de 120 000€ à des agents (qui, s'ils ne travaillent pas ici, devront être redéployés ailleurs). La Métro verse également 47 000€ (53 000€ en 2015) de fonctionnement. La Ville de Lyon apporte 34 000€.

le 27 avril 2018, une délibération du conseil métropolitain affirme que La Gourguillonnaise a trois ans pour engager un travail de réflexion « sur un projet associatif » et qu'il supprime la subvention de fonctionnement. Sauf que le calendrier s'est accéléré. Fin janvier, les directeurs des ressources humaines de la Ville et de la Métropole annoncent que si La Gourguillonnaise peut poursuivre ses activités jusqu'au 30 juin 2019, les locaux et le personnel ne seront pas remis à disposition pour la saison 2019/20 et que les conventions actuelles se termineront le 31 décembre 2019. D'où une pétition lancée le 12 avril, demandant une réponse au président de la Métropole David Kimelfeld sur le respect de ses engagements.

Les responsables de l'association disent pouvoir trouver l'argent pour le fonctionnement (en augmentant le nombre de manifestations, avec des tarifs égaux pour tous, avec plus de partenariats, de partage des locaux...). « Mais que faire pour le reste ? » interroge le gestionnaire Jean-Luc Guillot. Leur objectif est de conserver leurs financements jusqu'en 2021, pour renégocier les loyers afin de travailler à une mutualisation des locaux : impossible de penser un projet sans lieu. Si les murs devaient être inoccupés, « ils seraient squattés en moins de huit jours » commente Bernard Properi, metteur en scène et en charge de la section théâtre. Quid de la rentrée de septembre en l'état ? « Nous déciderons cela en assemblée générale extraordinaire en juin » répondent-ils. De son côté, la Métropole n'a pas souhaité donner suite à nos demandes d'entretien.

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