Daniel Kawka nous invite le 22 mai à 20h30 à fêter les vingt printemps de l'Ensemble Orchestral Contemporain. L'occasion pour cette phalange et son chef résolument proactif, de donner quatre créations mondiales dans un lieu de questionnements architecturaux, acoustiques, philosophiques et spirituels : l'église Saint-Pierre de Firminy. ALAIN KOENIG
Il en est des églises comme des êtres humains, certaines enchantent le monde, d'autres le dominent. L'église Saint Pierre de Firminy, quant à elle “déroute“, au sens littéral. Elle contraint à prendre la tangente, à nous détourner de la voie tracée, à reconsidérer le cercle, le carré, la verticalité, la résonance, le cosmos. De son «toit télescope», on rejoint les étoiles. Bien qu'autoproclamé athée, Le Corbusier semble vouloir nous inviter à goûter une spiritualité où l'infiniment grand rejoint l'infiniment petit, où la lumière rejoint les ténèbres, où la vibration sonore s'élève vers la constellation d'Orion. Merveilleux héritage architectural, symbolique et assurément spirituel d'un homme qui aura toute sa vie questionné la société, la place de l'homme sur la terre, de la pierre, du béton, de la cité, du bonheur...de l'ordre ? On pourrait imaginer que le “Grand Saint-Étienne“, doté d'un édifice aussi emblématique, en ferait la “pierre angulaire“ de sa politique culturelle... Daniel Kawka, dans notre numéro de mars, s'autorisait à rêver à haute voix de projets fédérateurs et structurants, dans cet espace Le Corbusier, hautement chargé de symbolisme, doté d'une propension naturelle à accueillir des projets artistiques novateurs et audacieux. À défaut de jouer L'Oiseau de feu dans le stade, il nous proposera de souffler les vingt bougies de l'Ensemble Orchestral Contemporain en offrant au public quatre créations mondiales.
«Prendre le sable comme matériau musical»
On ne présente plus Vincent Le Texier, baryton basse aux multiples facettes, qui sera le dédicataire et l'interprète de trois des créations de cette soirée : Edousi, oeuvre “nocturne“ de Giorgio Battistelli où le sommeil attire irrésistiblement les éléments et les réduit au silence ; Eppur si muove de José Manuel Lopez Lopez, deuxième commande pour baryton et ensemble orchestral. Le texte inspiré de la condamnation de Galilée pour avoir défendu la théorie de l'héliocentrisme s'attache «aux aspects microscopiques de la matière sonore» ; L'Ange des catastrophes de Youri Kasparov entend «dépasser la barrière, apparue au XXe siècle et inéluctablement grandissante, entre les musiciens et les auditeurs». Enfin, la quatrième création permettra d'apprécier le fruit du travail du compositeur en résidence Colin Roche, en partenariat avec l'E.O.C., la ville de Firminy et le Conservatoire à Rayonnement Régional Massenet de Saint-Étienne. La Fabrique du sable, atelier d'argile entend faire «du concert un lieu de résistance», où la base du projet architectural de Le Corbusier sera la base du matériau musical du compositeur. Il a nommé... le sable ! ALAIN KOENIG
La création dans tous ses états, Eglise Saint-Pierre de Firminy, mardi 22 mai-20h30.
Rencontre avec les compositeurs à 19h30.