Party time !

L’expression "anarchisme pop" est-il un oxymore ? Peut-on à la fois foutre un bordel monstre et le faire dans une explosion de joie, de couleurs et de musique ? En dehors de son statut de "film le plus drôle de l’histoire du cinéma", La Party de Blake Edwards séduit encore aujourd’hui grâce à cette douce utopie. Pourtant, l’idée du cinéaste est plutôt, des années avant son virulent S.O.B., de se moquer d’Hollywood et de ses mœurs, en propulsant dans une soirée mondaine donnée par un producteur ventripotent à gros cigare un figurant indien invité par mégarde. Et pour cause, il est persona non grata suite au désastre provoqué sur une superproduction où il a fait sauter un décor coûteux en voulant rattacher le lacet de sa sandale.

Il s’appelle Hrundi V. Bakshi, et c’est Peter Sellers qui lui prête ses traits avec une bonne couche de cirage sur la tronche. Sa pantomime comique s’accorde en stradivarius à la précision des cadres, du découpage et du montage d’Edwards, mais aussi à son esprit rebelle. Bakshi provoque des catastrophes en série par son inadéquation à cet environnement rigide et codifié, qui peut se lire aussi comme un creuset de l’Amérique pétrifiée et à bout de souffle du début des années 60.

Il faudra l’intervention ultime d’une jeunesse enivrée de chanvre et de flower power pour que Bakshi le minoritaire triomphe et, au passage, trouve l’amour auprès de la starlette Claudine Longet — qui chante, avec son joli accent français, la ballade Nothing to lose composée par le fidèle Henry Mancini. Ce chef-d’œuvre inoxydable vous sera offert sur un plateau par Le Méliès au cours de, party dans La Party, une de leurs soirées Tout le monde il est beau.

Christophe Chabert

La Party
Au Méliès, jeudi 13 juin