Les premières Rencontres du cinéma indépendant au Méliès et au France du 19 au 21 juin seront l'occasion de réfléchir sur la manière de promouvoir des films qui peinent à trouver leur place face à de grosses machines bien huilées. Et d'en voir quelques-uns en avant-première...Christophe Chabert
Depuis la rentrée, Le Méliès organise des séances baptisées La Cerise sur le gâteau. Celles-ci ont un objectif : mettre un coup de projecteur sur des films qui peuvent difficilement exister commercialement sur le rythme de quatre séances quotidiennes mais dont on ne peut néanmoins pas priver le public stéphanois, puisqu'ils représentent le présent vivant du cinéma, sinon son avenir. Les Bruits de Recife (un des meilleurs films de l'année, tout simplement), Métabolisme ou ce mois-ci Computer chess (par le cinéaste parrain du courant mumblecore, Andrew Bujalski) et Maïdan (le docu de Sergeï Losnitza sur les événements en Ukraine) : autant de propositions stimulantes et novatrices venues de distributeurs indépendants qui mouillent leur chemise et essaient de faire vivre un cinéma différent. C'est tout l'enjeu des Rencontres du cinéma indépendant : réunir ses distributeurs — regroupés au sein du SDI, Syndicat des Distributeurs Indépendants — leur permettre de montrer un film de leur catalogue à venir, mais surtout créer un dialogue avec les exploitants pour trouver des solutions afin que ces films ne soient pas cantonnés à une diffusion à Paris et dans quelques grandes villes de Province.
Recréer du dialogue
Ce sera le sujet de la table ronde organiser le 20 juin : «Comment les salles peuvent soutenir la découverte et la diversité ?». L'idée étant de confronter des expériences et de trouver des dispositifs à mettre en commun. Il y a peu, un article dans Libération avait fait quelques vagues, posant l'idée que ce cinéma indépendant-là était écrasé par les grosses machines des studios et snobé par les salles. Un constat un brin catégorique et sans nuance, qui a eu au moins le mérite de poser les bases d'une discussion ouverte et franche entre distributeurs et programmateurs.
Cependant, alors que ces Rencontres pourraient être corporatistes, elles ont choisi de s'ouvrir au public : durant ces trois jours, on pourra découvrir neuf films en avant-première, pour la plupart couverts de prix dans les festivals internationaux. Parmi eux, le thriller chilien Tuer un homme ou le nouveau film de Jean-Charles Hue, Mange tes morts, tout juste revenu de la Quinzaine des réalisateurs cannoise, et que l'on recommande chaudement, tant son mélange entre naturalisme et polar, docu sur l'univers des gitans français et film d'action nerveux et inspiré, traduit effectivement une nette volonté d'indépendance dans le cinéma français.
Rencontres du cinéma indépendant
Au Méliès et au France, les 19, 20 et 21 juin.