En octobre prochain le lauréat du 27ème prix Charles Exbrayat sera élu par un collège de lecteurs des médiathèques de Saint-Étienne et du Pilat. Trois titres sont en lice, trois auteurs, deux hommes et une femme. Zoom sur l'ouvrage de Jean-Guy Soumy, "La Promesse". Tenue !
On a beau prévenir, rien n'y fait, les oublis ou autres dédits se perpétuent inlassablement. Pourtant la littérature s'est échinée à nous démontrer les méfaits de telles attitudes ! Une promesse non tenue est annonciatrice de conséquences, qui sont parfois désastreuses. C'est exactement le sujet du livre de Jean-Guy Soumy au titre explicite, La Promesse. La couverture n'annonce pas que cette histoire est celle d'un amour flamboyant. Qui commence bien et se termine bien, d'un point de vue romantique et poétique. Ne ménageons pas un suspens qui n'a pas lieu d'être, la justesse et la beauté du texte ne viennent pas de coups de théâtre mais d'une promesse oubliée qui sera in fine tenue. Enfin, avec quelques aménagements. Ce pacte proféré entre deux individus, masculin et féminin, l'a été presque depuis toujours. À la post-enfance...
Jeanne et Camille
«Craché ! Juré !» entend-on encore aujourd'hui dans les cours d'école. Les enfants, les adolescents, aiment se promettre, peut-être parce qu'ils aiment être rassurés. On se jure fidélité : que l'on s'aimera toujours pour se quitter le surlendemain, que l'on n'oubliera jamais les copains rencontrés sur une plage d'été avec qui on a fait les quatre cent coups mais dont on cherche à savoir quels étaient leurs prénoms une poignée d'années plus tard... Pour autant on jure avec force de conviction. La jeunesse peut avoir un cruel revers, la croissance vers la maturité occulte souvent le chemin pour y parvenir. Mais quelques fois cette promesse s'inscrit tellement dans le cœur, qu'elle en devient immuable, éternelle. Dans l'ouvrage candidat au prix Charles Exbrayat, deux enfants presque adultes se font la promesse d'unir leur destinée par les liens du mariage quand ils seront en âge de le faire. Ils sont cousins. Ils sont nobles. Ils pourraient être voués l'un à l'autre, seulement un personnage s'y oppose. La mère du jeune-homme. A l'époque où ils vivent, le XVIIIe, on ne se marie pas par amour. C'est anachronique. On se lie par raison et intérêt. La jeune-femme n'a plus de mère et son père entrepreneur aventureux est débiteur de sa «gentille cousine», veuve donc décisionnaire. Le jeune homme obéissant va vivre une autre vie, la jeune-femme se défénestrera. C'est là que tout commence et que Jean-Guy Soumy nous emporte romantiquement au fil de sa plume d'une grande finesse... Florence Barnola
La Promesse de Jean-Guy Soumy, aux éditions Robert Laffont, 234p.