"The Mumbai Murders" : Le venin du mal

Thriller / Le copycat d'un tueur en série de Bombay provoque un flic déglingué en qui il a repéré un joli potentiel. Commence une longue traque faite de victimes collatérales. Une cavale bien noire puant le vice où toute innocence sera sacrifiée. Attention, c'est du violent.

Policier coké jusqu'à ses verres teintés, Raghavan traque le balafré Ramana, un tueur en série aussi cintré qu'arrogant qu'il a laissé filer alors qu'il s'était livré à ses services. Reparti dans la nature, Ramana continue à le provoquer en exécutant ses victimes avec une sauvagerie gratuite...

Dans la volumineuse production indienne, par ailleurs très mal diffusée en Occident, il faut s'armer de patience pour trouver l'aiguille au creux de la meule de foin, ou le clou de girofle au milieu du garam masala. Mais quand on s'y pique, on tient sa récompense. C'est le cas avec ce film, enfin visible deux ans et demi après son passage à la Quinzaine des Réalisateurs cannoise — une éternité pour le prolifique réalisateur des Gangs of Wasseypur.

The Mumbai Murders s'inspire des méfaits de Raman Raghav, un authentique tueur en série paranoïaque ayant sévi durant les années 1960 dans les rues de Bombay, dont Ramana se veut une manière de version réactualisée et “augmentée“ — le titre original est d'ailleurs Raman Raghav 2.0. Dépositaire d'une forme de Mal à la limite du fantastique, le criminel cherche à en assurer la postérité via une contamination choisie.

À tue et à toi

Poisseux et profondément incorrect, ce thriller chapitré labyrinthique en forme de course-poursuite entre bas-fonds et haute ville cousine vaguement avec Se7en question perversité manipulatrice du meurtrier : Ramana jouit presque davantage à titiller le flic à ses trousses qu'à commettre des exécutions “commandées“ par une force supérieure. De même qu'il ne peut nier une parenté avec Bad Lieutenant tant ledit enquêteur se révèle une odieuse pourriture : cocaïnomane, machiste, violent, ripou, auteur de meurtres gratuits... À la vérité, il n'y a guère que la naissance qui sépare Raghavan de Ramana. Certes martyrisé par son paternel, ce privilégié a au moins la “chance“ d'exprimer ses pulsions destructrices sous la protection de sa carte de police. On en vient toutefois à se demander qui des deux chasse l'autre, tant leurs profils et leurs agissements se superposent, se répondent, se prolongent. Les loups entre eux ne se dévorent pas ; ils se partagent les proies.

Combien de temps les studios hollywoodiens, toujours en mal de sang et de scripts frais, tiendront-ils avant de prendre dans leurs rets le talentueux Anurag Kashyap ? Preuves de sa compatibilité avec le cinéma occidental, les intermèdes chantés de The Mumbai Murders sont dépourvus de chorégraphies kitsch. Si ce n'est pas un appel du pied...

The Mumbai Murders de Anurag Kashyap (Ind., 2h07) avec Nawazuddin Siddiqui, Vicky Kaushal, Sobhita Dhulipala...

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