Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 : La vie duraille

Au cinéma / Après avoir sauvé la vie de l’exploitation cinématographique l’été dernier grâce à Top Gun : Maverick, Tom Cruise remet le couvert avec ce premier volet du 7e opus de Mission : Impossible. Où il est question de hacking et d’IA, de vengeance, de masques, de batailles sur un wagon fonçant à toute berzingue… Le train-train pour Ethan Hunt et sa bande, en somme.

Encore hanté par la mort d’une équipière qui comptait beaucoup à ses yeux, Ethan Hunt est envoyé par ses supérieurs à la poursuite d’une clef dérobée par sa partenaire, l’ex-MI6 Ilsa Faust. Hunt ignore que ladite clef, qui servait à armer un système numérique équipant le Sébastopol — un sous-marin russe furtif ayant mystérieusement coulé corps et biens — donne accès à un pouvoir vertigineux en prenant le contrôle de “l’Entité”, une intelligence artificielle.. Au cours de cette mission passant par Amsterdam, Abu Dahbi,   Rome, Venise et l’Autriche ; par la voie ferrée, des airs et les routes, Ethan pourra compter sur ses habituels sidekicks ainsi que l’appoint inattendu de Grace, une aventurière pickpocket…

Trois ans après son tournage chaotique, interrompu puis repris par saccades durant la vague inaugurale de la pandémie de Covid en 2020, Mission : Impossible 7 dévoile donc sa première partie. Certains gros plans sur la vedette trahissent ces délais de production, le visage de Cruise paraissant figé, comme revêtu d’un masque de cire à sa propre effigie. Mais à quelque chose malheur est bon : ce retard imposé rend le cœur de l’intrigue d’une stupéfiante actualité puisqu’il offre pour antagoniste au héros non pas une incarnation humaine (le falot Gabriel n’est qu’un factotum) mais cette fameuse “Entité”, intelligence artificielle omnipotente aux desseins indéchiffrables. À la lumière des progrès accomplis par les interfaces conversationnelles et autres logiciels “intelligents“ en l’espace d’une seule année, avoir misé sur le danger des IA dénote d’une clairvoyance sagace de la part de Christopher McQuarrie ; elle compensera les invraisemblances coutumières consenties au profit du grand spectacle. Au premier rang desquelles figure une magnifique roucoulade en rooftop dans la Cité des Doges de deux agents ayant les forces spéciales et sans doute une armée de snipers au popotin — mais qui prennent le temps de goûter aux charmes du coucher de soleil vénitien.

Gare au train-train

Le spectacle, voilà la réelle clef de ce MI7 cherchant son morceau de bravoure (et donc son renouvellement) avec un semblant d’hésitation : est-ce la séquence d’aéroport où se combinent deux moment de haute tension en parallèle (elle ne sert qu’à intégrer le personnage de Grace) ? La course-poursuite à Rome (elle pèse en définitive peu face à la surenchère de Fast & Furious X, tournée au même endroit avec davantage de dégâts et de second degré) ? La cascade à moto de la bande-annonce (son impact a été démonétisé en servant de vitrine au film) ? Reste la valeur sûre depuis le premier Mission : Impossible (1996) : le train. Mais revisité ici, en prenant systématiquement le contrepied. Au TGV surmoderne de DePalma, McQuarrie oppose la tradition cossue (et l’élégance surannée) de l’Orient-Express ; au finale dans un tunnel avec hélico, une apogée sur un pont. Cerise sur la loco : un flash-forward mensonger joue les secondes peaux sur la séquence… laquelle peine à arriver à son apothéose — pourquoi nous infliger ce pensum d’un mano a mano éculé sur le toit des wagons, au risque d’achever le spectateur avant que le meilleur n’arrive : un double cliffhanger, dont un au sens propre du terme.

En affichant d’emblée son projet de film en deux volets comme cela devient la norme au royaume des franchises depuis quelques années, (Harry Potter et les Reliques de la Mort avait ouvert la voie, mais les choses se sont précipitées ces derniers mois avec Fast & Furious X ou Spider-Man: Across the Spider-Verse) Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 prouve que le cinéma en salle a tiré les leçons de l’engouement du public pour les séries. Hollywood renoue avec la pratique centenaire du serial participant de la fidélisation tout en imposant son timing aux spectateurs. Revanche de la salle et des studios sur les plateformes qui pensaient avoir partie gagnée après le Covid (encore lui), cette chronologie de médias naturelle a pour corollaire de ré-apprendre aux binge-watchers les vertus de l’attente, du désir et de la frustration.  Au cinéma rien d’impossible.

★★★☆☆Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 de Christopher McQuarrie (É.-U, 2h43) avec Tom Cruise, Hayley Atwell, Simon Pegg…

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