Jam(m)er à Grenoble

Grenoble n'est pas un désert dénué d'oasis où les musiciens peuvent se ressourcer en se lâchant. Ces lieux sont connus : la Casanaïce, le Ness, le Bayard, le St Vincent, le Kiosque, le Wagon, la Soupe aux choux (liste non exhaustive).

Mais...

La lutte des classes de compétences n'est pas absente de ces regroupements qui voient surgir parfois des productions qui ne relèvent plus du bruit, sans pour autant être de la musique labellisée comme telle. Et ce, au grand dam des exigences des virtuoses, ou pour le moins de ceux qui se réfèrent à une formation préalable excluant les approximations des amateurs débutants.

Dans ces chocs où la formation musicale se confronte au seul feeling oublieux des mesures et transitions dans le temps, on peut lire sur les visages contrits ou indignés, le désespoir commun de ceux qui savent et de ceux qui ne savent pas. Ces derniers cédant rapidement la place aux premiers et préférant s'effacer plutôt que d'encourir le courroux des sachants, voire des virtuoses. Exit les bègues de la transition fluide des accords pour les gratteux, anathème sur les voix ratant leur objectif d'un demi-ton et celles évoquant la complainte d'un matou amoureux au larynx endolori ! Pour faire court, la honte étend son voile culpabilisant sur les handicapés de la jam qui refluent alors vers la sortie, en remisant leurs instruments dans les étuis.

Personnellement, je plaiderai en faveur de ces lumpen-musiciens qui n'ont jamais été présentés à une portée et pour lesquels une gamme, ou des taches noires avec des queues verticales constellant des traits horizontaux parallèles, sont aussi parlants qu'une suite de caractères étrusques inscrits sur une stèle érodée mise à jour, sur un chantier de construction de parking dans une friche industrielle de banlieue romaine.

Ainsi, à La Casanaïce, dont chacun cherchera sur son plan favori où se situe cette oasis, chaque dimanche après-midi, on peut venir avec sa voix et/ou son instrument pour pousser la chansonette ou tester les aptitudes de sa main à mouliner du groove sur un manche acoustique ou électrifié. La table de mixage et la scène sont ouvertes à celles et ceux désireux de rencontrer d'autres balbutiants comme eux, pour qui c'est moins dur d'être seul avec ses approximations sonores. Et il arrive, oh miracle des coïncidences et des symétries émergeant du chaos des décibels, que des harmonies se produisent pour le plus grand bonheur des oreilles bienveillantes des consommateurs attablés. Le visiteur de ce blog aura compris que cette approche non élitiste du jeu musical concernera le plus grand nombre, sans pour autant jeter l'anathème sur le musicien formé de main de maîtres, rompu aux académiques transitions rythmiques, et obligeamment disposé à faire moult concessions aux balbutiants parmi lesquels il s'est égaré.

Je m'empresserai de préciser que les oreilles exigentes seront servies par des musiciens sympas et expérimentés de tous horizons, de toutes cultures qui se produisent régulièrement, entre autres jours, les jeudis soir. Ce sont ces deux possibilités, équilibrées entre le chaos bienveillant et ludique du dimanche après-midi et l'agréable ordre musical qui règne chaque jeudi soir, qui me plaisent et m'attirent à La Casanaïce, entre autres lieux (cf ceux cités plus haut) qui méritent qu'on lâche sa télécommande TV pour devenir interprête ou auditeur, l'espace d'un moment de partage.

Avis aux amateurs et aux pros !

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X