Champion de Maria Pourchet

Fabien Brékard, 5eB, pensionnaire et une vie cabossée pas toujours facile à porter. On sourit dans ce livre, malgré la délicatesse un peu triste.

« Dans cette histoire, personne n’est là pour plaire, juste se faire comprendre. Il sera question d’effraction, paires de claques, mort naturelle, et si la démonstration l’exige, quelque chose pourrait brûler, on verra. Le sujet, c’est Fabien Fabien c’est moi, et c’est ma mère qui en parle le mieux. Fabien n’est pas un cadeau, n’est pas le centre du Monde, pourrait faire des efforts, n’ira pas loin, pourrait se coiffer avec autre chose qu’un râteau, va s’en prendre une, va se retrouver en pension. […] La saison c’est l’hiver, le décor, on s’en fout. Une ville bâclée autour d’un fleuve marron, dont les rues portent les noms des présidents de la Troisième République, ici les gosses les récitent par cœur, Thiers Macmahon Grévy Carnot Perier Faure Loubet, très tôt, dans l’ordre, presque sans respirer. C’est un peu la performance locale. »

C’est avec ces premières lignes que l’on commence le texte. Donc, Fabien Bréckard, 14 ans, 5eB, pensionnaire à Notre-Dame-de-la-Convention n’a pas d’amis sauf un loup imaginaire ; des parents occupés par les tristesses de leurs vies ; un objectif secret : partir en Amérique et devenir quelqu’un loin d’ici, de cette ville sinistre, de cette famille sans attache. Ce récit, comme vous l’avez compris, est écrit par Fabien lui-même depuis le centre de repos qu’il vient d’intégrer. On ne sait pas pourquoi il est là mais la consigne de sa psychiatre est claire : il ne sortira pas avant d’avoir raconté par écrit tout ce qui l’a amené là.

Il noircit alors les cahiers à carreaux de sa vie de pensionnaire solitaire, ses relations avec les autres garçons, les 400 coups qui se manigancent derrière le dos des surveillants et ces week-ends à la maison pires que les heures de colles. Heureusement, la grand-mère n’est pas loin : une bonne excuse pour échapper aux remarques acerbes de la mère, aux engueulades du père. Il y a aussi ce sdf à la bibliothèque, véritable source d’informations en cas de questions existentielles, en cas de pépins en tous genre.

Malgré le désarroi de certains moments de cette vie d’interne, de cette vie d’enfant sans amour, le ton caustique de Fabien rend le texte un peu plus léger et nous fait sourire, souvent. C’est un très beau texte tout en délicatesse sur cette jeune vie difficile et cabossée.

Les personnages de Maria Pourchet ont toujours un air à côté de la plaque, un peu fragile mais un esprit toujours vif et des remarques bien senties. La vie leur fait pas de cadeau mais il y a toujours ce ton un peu sarcastique, un peu amusant.

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