MAURICE PIALAT
(Gaumont)
Le premier volume s'était déjà fait attendre ; la sortie du second a été repoussée au moins une demi-douzaine de fois, mais là encore, ça en valait la chandelle. Désormais complète, l'œuvre de Pialat en DVD se déploie dans une richesse éditoriale exceptionnelle (la France est vraiment le pays de la cinéphilie !), avec des tonnes des documents rares ou exclusifs (interviews, courts métrages, documentaires...). Mais le plus beau, comme souvent, c'est bien entendu les films. Cette livraison est un cran en dessous de la première (qui ne contenait que des chefs-d'œuvre !), mais possède un intérêt majeur. Pas l'intégrale de La Maison des Bois, considéré par une presse unanimement aveuglée comme la meilleure série française de tous les temps (on pense plutôt à La Grange et la paille, la parodie des Nuls, face à cette fiction vieillotte et arthritique), mais bien la présence du Garçu, dernier film tellement génial que l'on ne comprend toujours pas pourquoi il fut si mal reçu à sa sortie. Le film est génial, et le DVD ne l'est pas moins. Il faut voir les larmes de Gérard Depardieu dans l'interview qu'il accorde en bonus, pour comprendre l'expérience unique que constitue le film : un cadeau fait par un père à son fils, dans lequel Pialat met en scène ses funérailles et sa disparition, avant de les recouvrir sous un torrent d'amour. Le plus beau des home movies, le plus drôle (Rocheteau, acteur bafouillant et immédiatement culte), le plus érotique (diable, que Pialat savait filmer l'amour physique), le plus émouvant... Comme si toute l'œuvre de Pialat tendait vers ce sommet-là, ce film est peut-être celui que l'on emportera dans la tombe.CC
