Jeudi 19 septembre 2013 Du freak, du fou, de la créature cramée, de l’inclassable, de l’incassable, du fragile, du fracassé, du fracassant, du marginal, du réfractaire, du réfracté, du revenant, du rêveur, du malade, du rageux, cet automne musical va en faire pleuvoir de...
En terre inconnue
Par Stéphane Duchêne
Publié Mercredi 6 novembre 2013 - 3241 lectures
Villagers + Lee Ranaldo and the Dust
Épicerie Moderne
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Suite à leur inaugural Becoming a Jackal, les Villagers, qu'on prenait pour une bande de gentils folkeux sophistiqués, se sont en fait révélés être un troupeau d’aliens propre à plonger les "cryptozoopopologues" dans des abîmes de doute et de migraine. Après le single teinté d’électro The Waves qui, toute proportion gardée, fit passer sur l’échine des fans comme un sentiment de "Dylan passe à l’électrique" – le second album {Awayland} fut l’objet du délit : une terre inconnue, un univers entier à découvrir, un monde parallèle que le mini-démiurge Conor O’Brien a modelé, en auteur boulimique, à la lueur de l’Abattoir 5 de Kurt Vonnegut.
Un {Awayland} que l’on fantasme autant qu’on l’écoute, prisonnier de l’esprit d’un enfant qui gambaderait partout du moment qu’il ne s’agit pas du monde réel mais d’un eldorado de liberté (In a Newfound Land You’re Free). D’où cette atmosphère d’étrangeté rêveuse – depuis sa salle de bain, on voyage jusqu’à la guerre d’indépendance brésilienne sur Earthly Pleasure – et de positivisme naïf jailli de la primale innocence, entre électro cosmique, donc (The Waves), pop-folk grandiloquente façon Waterboys (Nothing Arrived), ballades chavirantes (Grateful Song, du Sparklehorse rendu à l’emphase qu’il eut méritée) et pop multimodale (The Bell, Earthly Pleasure).
En panne d’inspiration avant ce disque majeur, Conor O’Brien semble y avoir été rendu comme si les Tralfamadoriens de Vonnegut l’avaient enlevé pour lui enseigner le don d’ubiquité musicale et leur vision du monde en quatre dimensions. Puis libéré, dans tous les sens du terme.
Stéphane Duchêne
Villagers [+ Lee Ranaldo & the Dust]
A l’Epicerie Moderne, lundi 18 novembre
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...