Indécrottable machine à tube, le Big bazar suédois I'm from Barcelona n'en reste pas moins un véritable laboratoire musical, que son leader Emanuel Lundgren voudrait pourtant continuer à faire passer pour un cirque. De passage dans votre ville. Stéphane Duchêne
Á l'évocation du retour à Lyon d'I'm From Barcelona, un producteur lyonnais bien connu de nos services nous confiait, sans malice aucune, intégrer systématiquement un ou deux morceaux de la troupe d'Emanuel Lundgren aux playlists des fêtes d'anniversaire de ses enfants – et pas que.
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Rien d'étonnant pour qui se souvient du dernier concert donné par le groupe à l'Épicerie Moderne, conclu par... une chenille saupoudrée de ballons et confettis. C'est qu'il y a ce truc (on insiste sur le mot) dans la manière de composer d'Emanuel Lundgren qui donne l'impression qu'il lui suffit d'appuyer sur un bouton "pop" pour propulser instantanément tout le monde au plafond.
Mais le réduire à cela serait injuste – et reviendrait à en faire une sorte de Bézu indé – car il y a bien plus dans ses mini-hymnes qu'une matière tubesque qui se contenterait de flatter nos bas instincts à coups de mélodies sucrées et de rythmiques faciles. Le tube n'est en effet, depuis le deuxième album du groupe, qu'un arbre qui cache la forêt – or, en Suède, cacher la forêt est tout une affaire.
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Tout se passe en fait comme si il y avait deux Lundgren : le compositeur, mélancolique, revêche même, et l'arrangeur, emballant la vie comme un paquet cadeau quelle que soit sa tronche du jour, à la vie.
Se mettre en rang
On sent entre les deux une tension toujours à l'œuvre et qui devient sublime quand I'm From Barcelona hésite à sonner comme du Arcade Fire qui ne se prendrait pas tout à fait au sérieux (sur Violins, présentement, mais c'est assez souvent le cas depuis Who Killed Harry Houdini ?). Un Arcade Fire de poche qui, comme les mouchoirs des magiciens, n'aurait pas de fin.
Car le plus surprenant est qu'à l'époque où la scène fanfare pop (Broken Social Scene, The Polyphonic Spree, Architecture in Helsinki...) était en pleine effervescence, prêchant en chœur le bonheur national brut, on n'imaginait pas que ce groupe né d'une blague irait bien plus loin qu'un premier album bourré de hits.
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Mais le fait est qu'il est toujours là et, sous les mélodies évidentes, continue à grandir de manière presque imperceptible. Growing Up is for Trees titre ici I'm From Barcelona qui, il y a un album de là, clamait ne pas «vouloir se mettre en rang» – c'est d'ailleurs sur cette chanson que l'Épicerie Moderne avait pris feu.
Sauf que même en Suède, même si on se cache derrière, il n'y a pas que les arbres qui grandissent.
I'm From Barcelona
Á l'Épicerie Moderne lundi 4 mai
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