Mardi 23 janvier 2024 De tous les festivals de courts ayant lieu dans la métropole, Un poing c’est court à Vaulx-en-Velin a toujours eu un statut à part : c’est un festival engagé, (...)
Une lutte des classes, et ça repart
Par Vincent Raymond
Publié Mardi 6 mars 2018 - 491 lectures
Photo : Extrait de
Panorama ciné mars / Oublions la triste dévotion du portrait de Mélenchon sorti en février et repartons au combat avec l’énergie primesautière de la fin de l’hiver. Au ciné, les masses populaires !
Le fond de l’air glacial bouillonne aussi de la colère désespérée des damnés de la terre n’en finissant plus de creuser, pendant que les heureux du monde touchent le septième ciel — et leurs dividendes. Cette insondable exaspération ruisselle jusque sur les écrans, dans un splendide éventail d’œuvres balayant la lutte des classes de manière frontale ou allégorique.
Usines à cauchemars
Premier long de Walid Mattar, Vent du Nord (28 mars) joue en parallèle sur deux tableaux : la délocalisation d’une usine du Nord conduisant un ouvrier licencié à tenter l’aventure entrepreneuriale (devenir patron-pêcheur) et sa relocalisation à Tunis, avec pour un jeune chômeur l’espoir d’un boulot et de se rapprocher de la femme qu’il aime. Sur un thème voisin du maladroit Prendre le large, Mattar réussit un film social double aux échos profonds et révélateurs : les prolétariats sont les mêmes du Nord au Sud, victimes du capitalisme et de l’administration ; et la jeunesse est condamnée à bouger pour s’en sortir.
Moins convaincant est le 7 Minuti (même date) de Michele Placido, inspiré de faits survenus à Yssingeaux, où un groupe de délégués du personnel doit statuer sur l’abandon de 7 minutes de pause déjeuner en échange du sauvetage de son usine. Certes, l’idée de transposer un fait social contemporain en huis clos est pertinente, et la similitude avec 12 hommes en colère intéressante. Mais du fait de sérieux problèmes d’écriture — dont des effets de suspense théâtraux destinés à retarder l’annonce de la fameuse mesure —, de quelques personnages féminins au-delà de la caricature et d’une mise en scène molle là où il aurait fallu du sec, on s’agace au lieu de compatir.
Ailleurs ? Pas mieux…
Complétant comme une parenthèse ou un zoom le We Blew it de Thoret tourné partiellement à Seligman, le documentaire America de Claus Drexel (14 mars) s’intéresse aux habitants de cette ville d’Arizona juste avant (et pendant) l’élection ayant porté Trump au pouvoir. Un an de recul permet de dépassionner le sujet, mais aussi de montrer combien la propagande conservatrice a pu fonctionner dans ce territoire précis. Tristement édifiant.
Un mot sur également pour Mala Junta de Claudia Huaiquimilla (même date) qui, semblant être un énième film chilien sur les ados à problème, se révèle témoigner du sort inique réservé aux indiens Mapuche, spoliés le gouvernement et brutalisés par la police pour qu’ils quittent leurs terres. Un peuple aussi ostracisés par le reste de la population que le sont les juifs russes dans Tesnota – Une vie à l’étroit de Kantemir Balagov (7 mars).
Du fantastique, qui ne l’est pas
Petite déception devant Les Bonnes Manières (21 mars) de Juliana Rojas & Marco Dutra, drame fantastico-lesbien mettant en scène Clara, infirmière des favellas de São Paulo, recrutée pour accompagner durant la fin de sa grossesse Ana, jeune bourgeoise, se révélant enceinte d’un loup-garou. Cet hybride de genres tire avantage de l’union des contraires dans sa première moitié, totalement dépourvue de présence masculine, montrant la naissance d’une idylle entre deux femmes que tout oppose. La seconde partie, métaphorique, est plombée par un désir de fantastique maîtrisant mal ses codes, hélas rendu (presque) possible par la technique. S’ensuit une impression de contrefaçon bancale dénaturant le sens et le propos politique. Dommage.
Que dire, enfin, de Madame Hyde (28 mars), interprété par la stakhanoviste du mois Isabelle Huppert (à l’affiche également de La Caméra de Claire et de Eva le 7) : il confirme ce que l’on en craignait venant du redoutable Serge Bozon. Pauvre transposition du roman de Stevenson, on y suit Madame Géquil, prof de physique d’un lycée de banlieue chahutée par ses élèves, se métamorphosant à la suite d’un choc électrique. La touche Bozon (séquences coupées trop tôt, jeu faux, pseudo humour sinistre, réalisation statique des “moments“ musicaux, trucages pourris, inanité générale…) atteint ici un degré supplémentaire qui devrait ravir ses séides, arguant d’un raffinement intellectuel supérieur. On leur laisse bien volontiers ; il y a d’autres luttes plus classes.
à lire aussi
vous serez sans doute intéressé par...
Mardi 31 octobre 2023 Le festival Lumière vient de refermer ses lourds rideaux, les vacances de la Toussaint lui ont succédé… Mais ce n’est pas pour autant que les équipes de (...)
Mardi 31 octobre 2023 Si le tourisme en pays caladois tend à augmenter à l’approche du troisième jeudi de novembre, il ne faudrait pas réduire le secteur à sa culture du pampre : depuis bientôt trois décennies, Villefranche célèbre aussi en beauté le cinéma francophone....
Mardi 5 septembre 2023 C’est littéralement un boulevard qui s’offre au cinéma hexagonal en cette rentrée. Stimulé par un été idyllique dans les salles, renforcé par les très bons débuts de la Palme d’Or Anatomie d’une chute et sans doute favorisé par la grève affectant...
Mardi 29 août 2023 Et voilà quatre films qui sortent cette semaine parmi une quinzaine : N° 10, La Beauté du geste, Alam puis Banel & Adama.
Suivez le guide !
Lundi 12 juin 2023 Parmi les jeunes maîtres du cinéma nippon, Kôji Fukada est en train de se tailler une place de plus en plus importante. Présenté à la dernière Mostra, Love Life est un film sur les liens invisible, l’incommunicabilité, la famille et la résilience....
Mercredi 19 avril 2023 Invité aux Rencontres du Sud pour présenter sa nouvelle comédie avec Charlotte Gainsbourg, "La Vie pour de vrai", Dany Boon évoque les lointaines inspirations qui l’ont aidé à modeler son personnage de candide. Comme son rapport inattendu à Agnès...
Mercredi 30 novembre 2022 Deux lieux atypiques accueillent des projections en ce début décembre. D’abord, la Maison de l’Écologie dans le 7e arrondissement ce jeudi 1er à 20h à (...)
Mercredi 30 novembre 2022 Le Festival du Film Court du Zola ayant servi de warm-up, on ne lâche pas l’affaire et l’on continue avec entrain avec la deuxième édition de Mutoscope, (...)
Jeudi 1 décembre 2022 Le titre un brin lapidaire de la livraison mensuelle du cycle Ciné Collection concocté par les salles du GRAC (“Femmes à la caméra“) ne doit pas susciter (...)
Mercredi 30 novembre 2022 L’un aurait fêté son centenaire, l’autre ses 130 printemps en 2022. Mais tous deux sont d’une étonnante contemporanéité et — curieusement — complémentaires. Ernst Lubitsch et Francesco Rosi finissent l’année à l’Institut Lumière.
Jeudi 6 octobre 2022 Huit ans après "La French", le réalisateur et le comédien se retrouvent pour un film à nouveau tiré d’un fait historique mais beaucoup plus contemporain : les attentats de 2015. Rencontre autour de la conception d’un film sur une tragédie française.
Lundi 5 septembre 2022 Bien qu’il atteigne cette année l’âge de raison avec sa 7e édition, le Festival du film jeune de Lyon demeure fidèle à sa mission en programmant l’émergence des (...)
Lundi 5 septembre 2022 Appelés à retrouver leurs chères études, les écoliers se sentiront-ils moins seuls en sachant que les cinéphiles lyonnais doivent suivre un programme au moins aussi chargé en ce mois de septembre avec moult rencontres et événements dans les salles ?...
Mardi 23 août 2022 Après avoir endossé sur scène le rôle d’Hortense dans La Dégustation d’Ivan Calbérac, Isabelle Carré le reprend avec enthousiasme pour l’adaptation réalisée par l’auteur. L’occasion de converser avec une comédienne toujours impeccable, devenue...
Lundi 5 septembre 2022 Malavida ressort l'un des films phares de la Nouvelle Vague tchèque, dont l'inventivité et la pertinence demeurent totalement d'actualité.
Mercredi 17 août 2022 Et si Forrest Gump portait un turban et dégustait des golgappas plutôt que des chocolats ? L’idée est audacieuse mais aurait mérité que le réalisateur indien de Laal Singh Chaddha se l’approprie davantage. Si l’intrigue réserve forcement peu de...
Mercredi 11 mai 2022 Lauréat début mai du Meilleur premier film de fiction et Meilleur acteur dans un second rôle aux 9e Prix Platino (attribués aux productions du monde ibérique), Karnawal incarne la relève du cinéma latino-américain. Avant de recevoir ses récompenses,...
Mercredi 11 mai 2022 Alors que son film posthume Plus que jamais réalisé par Emily Atef sera présenté dans la section Un certain regard du 75e festival de Cannes, l’Aquarium (...)
Jeudi 12 mai 2022 Tous deux ont porté le Nouvel Hollywood sur les fonts baptismaux, joué (sans avoir de scène en commun) dans le plus célèbre film de mafia/la plus fameuse (...)
Jeudi 12 mai 2022 Et vous, comment vivrez-vous ?, le nouveau long-métrage de Hayao Miyazaki n’étant annoncé que l’année prochaine (une décennie après le dernier), le Pathé Bellecour (...)
Vendredi 13 mai 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Lyon cette semaine.
Mardi 10 mai 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Lyon cette semaine.
Mardi 26 avril 2022 Comédienne chez Denys Arcand (L’Âge des ténèbres) et surtout Xavier Dolan (Les Amours imaginaires, Laurence Anyways), la Québécoise Monia Chokri avait réalisé en 2019 un premier long-métrage remarqué, La Femme de mon frère. Elle est de retour...
Mardi 26 avril 2022 Un très joli conte de printemps s’apprête à sortir sur les écrans : le bien nommé C’est magnifique !, troisième long-métrage du comédien et cinéaste Clovis (...)
Mardi 26 avril 2022 Retour à un calendrier habituel pour le festival Cinémas du Sud concocté par la galerie Regard Sud et accueilli par l’Institut Lumière du mercredi 27 au (...)
Mardi 26 avril 2022 Faut-il une raison pour aller au musée contempler les toiles des Impressionnistes ? Évidemment non. Il en va de même pour les chefs-d’œuvre du cinéma (...)
Mardi 26 avril 2022 Les organisateurs d’On vous ment ont de le sens de l’humour (ou de l’à propos) puisqu’ils ont calé la septième édition de leur festival pile entre la présidentielle et les législatives. Une manière de nous rappeler qu’il ne faut pas tout...
Mardi 26 avril 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Lyon cette semaine.