Psy-cause

Julia Deck et Cécile Guilbert

École de Santé des Armées

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

L’époque, on le sait, est "psy", moulinant la discipline en kiosques et incluant dans nombre de romans un personnage de thérapeute. Dans le premier livre de Julia Deck, les choses tournent toutefois court puisque, dès la page 24, la dénommée Viviane Elisabeth Fauville trucide à coups de couteau de cuisine son psychanalyste : «Vous plongez la lame juste en dessous de la dernière côte, l’y trempant jusqu’à la garde. Les viscères ont la mollesse du beurre. Vous remontez vers le poumon mais déjà le petit homme expire, il gît au pied du fauteuil d’où il ne sévira plus». Proche d’un Michel Butor et du Nouveau Roman, l’auteur passe allégrement du «vous» au «elle», au «tu» ou au «je» pour mieux éclater les différentes facettes de son personnage féminin, jeune mère récemment divorcée. Mais il ne suffit pas d’assassiner pour que l’on s’intéresse à vous et c’est donc Viviane Elisabeth Fauville elle-même qui, dans ce récit haletant et bien ficelé, ira à la rencontre des différents suspects : la maîtresse du psy, son épouse et l’amant de celle-ci… Du fantasme littéraire, on pourra passer au réel de la psychose via la Clinique de La Borde. Fondée en 1953 par le psychiatre Jean Oury, rejoint ensuite par Félix Guattari, cet établissement expérimental de soin développa une «psychothérapie institutionnelle» inscrivant les patients dans un tissu social large et ne les réduisant pas à des problématiques personnelles ou familiales. Les soignants y sont peu distingués des malades et partagent avec eux les différentes tâches d’intendance, d’administration, d’organisation des activités… Une aventure qui, à l’heure de la psychiatrie gestionnaire et des thérapies comportementales menées tambour battant, sonne comme une incongruité et ressemble à un certain petit village gaulois au milieu des légions romaines comptables. Emmanuelle Guattari (fille de Félix Guattari qui vécut son enfance à La Borde) et Marie Depussé (qui travailla à La Borde et signait en 1993 un superbe petit récit à ce sujet, Dieu gît dans les détails) viendront témoigner de cette expérience singulière pour l’ouverture de la Fête du Livre.

Jean-Emmanuel Denave

"Deux femmes puissantes"
Par Julia Deck et Cécile Guibert
Amphi 2, samedi 16 février

"Avant la fête - Dialogue d'écrivains"
Par Marie Depussé et Emmanuelle Guattari
A la Ferme du Vinatier, jeudi 14 février

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