Baleine à bosses

Musique / Noah and the Whale fait partie de ces rares groupes anglais dont l’anglicitude est toute relative. Et qu’on imagine donc plutôt émaner du chaudron créatif de Brooklyn ou de quelque collège huppé de l’Ivy League, que de Twickenham. Sans doute parce que les références du groupe sont avant tout américaines et cinématographiques. Tirant son nom de Noah Baumsbach, scénariste un brin secoué de Wes Anderson, et de sa première réalisation "The Squid and The Whale", une histoire de divorce aigre-doux et new-yorkais, Noah and The Whale émarge dans la grande famille «quirk» symbolisée par les films de Wes Anderson. Le «quirk» étant une forme de bizarrerie excentrique indéfinissable autrement qu’en regardant l’intégrale du cinéaste. Car il y a chez ce quatuor à l’humour apparent, comme dans les films d’Anderson, une pesanteur mélancolique que la légèreté des violons ne suffit pas toujours à gommer. Particulièrement sur le second album, "The First Days of Spring", pleins de bleus, de plaies et de bosses. Son titre éponyme qui entame l’album, semble ouvrir le printemps comme on sort d’un long hiver léthargique pas tout à fait arrivé à son terme. Plus sombre que son prédécesseur mais sans doute plus riche en nuances, "The First Days Of Spring" a quelque chose d’un disque acoustique de The National, groupe de Brooklyn emblématique aux humeurs ombrageuses, ou d’un Arcade Fire de poche. Mais comme dans les films d’Anderson, et comme le signale une pochette ensoleillée, Noah and The Whale est ces fêlés qui, quelle que soit l’humeur, laissent toujours passer la lumière jusqu’à frôler l’éblouissement. SDNoah and The Whale
À l’Epicerie Moderne, vendredi 26 mars.