Le Théâtre Libre d'André Antoine à Maurice Galland

Ghislaine Ducerf et Maurice Galland : un couple de « résistants » à la tête du Théâtre Libre, nouveau jalon sur la grand’route à poursuivre.

Théâtre Libre!  Pourquoi ce qualificatif ? Il vient d’André Antoine qui, à la fin du XIXe siècle, a voulu mettre fin au théâtre déclamatoire pour instaurer l’art dans la mise en scène, pour faire découvrir des auteurs nouveaux originaux, pour régénérer le théâtre avec, par exemple, des hommes comme Ibsen, Copeau, Dullin, Jouvet, pour poursuivre l’esprit de 1789, pour que «vive le théâtre qui éveille, qui éclaire, qui rassemble» comme l’a si bien dit Jean Dasté qui a voulu la décentralisation afin que chacun puisse voir le monde à travers les yeux de l’artiste. André Antoine est à l’origine du théâtre contemporain. Comment Maurice Galland a-t-il été conduit à cueillir le jalon posé par André Antoine et à reprendre le flambeau? Il a accompli son tour de compagnon qui a commencé à dix-sept ans, avec Dasté, en 1964. Il a fait ses premiers pas en tant que comédien et metteur en scène rue des Passementiers, à l’Amicale Michelet et a quitté Saint Etienne, sa terre ancestrale, en 1972 : «quand tu restes toujours au même endroit, tu te stérilises», dit-il. Il vivra donc en divers lieux, dans la Drôme, par exemple, au milieu d’animaux, et, pendant dix ans, à Paris, où en déambulant sur les quais, il tombe sur un livre qui lui fait découvrir André Antoine. Voilà comment il prend le relais et le 18 novembre 1998 fonde, avec Ghislaine Ducerf, le Théâtre Libre. Un an plus tard, ayant tous deux le mal du pays, ils reviennent à Saint Etienne et en 1999, plantent le Théâtre Libre sur ce qui était une station-service, à l’emplacement actuel du Zénith. Ils sont expropriés, le Théâtre Libre s’installe alors en Juin 2006 à l’emplacement actuel, un ancien garage au cœur de la ville, rue Désiré Claude, près de l’université Jean Monnet. Une simple enseigne vous indique que vous êtes bien dans les lieux, une pancarte au fond du couloir vous guide jusqu’à la porte que vous pouvez pousser librement, la sonnette n’étant là que pour la forme. Ici,   point d’ors, de lourds rideaux de velours rouge, point de théâtre à l’italienne ! Plutôt une maison aménagée en divers espaces de vie où tout le monde s’affaire, sans hiérarchie. Chaque membre de la troupe met la main à la pâte. Le premier étage est largement occupé par l’atelier des costumes, riche de plus de 15.000 pièces, dont un authentique jupon de french-cancan. C’est là que Ghislaine Ducerf, styliste, conçoit, dessine, réalise les costumes. 

Un esprit particulier flotte dans ce lieu que Maurice Galland a toujours voulu économiquement fiable, pérennisé, en adéquation avec son époque. Le premier critère de ce théâtre reconnu d’intérêt général est de s’inscrire dans le cadre d’une économie sociale et solidaire, le deuxième étant celui de l’éthique de résistance, de liberté, de transmission du savoir. La résistance aux "vents et marées", aux membres de la troupe, à soi-même, mais aussi à la peur : si on n’a pas peur de sa peur, ça donne de l’énergie. La liberté de choisir ses contraintes en fonction de la mission, de l’objectif, de l’autre, de l’intérêt collectif. La transmission du savoir aux générations futures pour les faire grandir, leur transmettre l’énergie de retravailler le savoir et poser d’autres jalons pour faire avancer l’humanité.

Sur ce chemin de créations, de découvertes, de débats et de résistances, les prochains rendez-vous du Théâtre Libre sont Frères Humains de Joblin d’après François Villon, soirée théâtre avec musique de Malto, comédie et chant de Bruno Daraquy, le 27 avril. Carte Blanch à Béatrice Moulin, chants et comédie le 11 mai, le 22 mai Comment je suis devenu clown, les 29 et 30 mai reprise de Nirvana de  Constantin Iliev, en juillet et août Ete Astro à St Michel L’Observatoire

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