de George Ovashvili (All.-Fr.-Geo., 1h38) avec Hossein Mahjub, Kishvard Manvelishvili, Nodar Dzidziguri...
C'est la débâcle pour le Président de la république géorgienne. Escorté par le dernier carré de ses fidèles, dont le Premier ministre, il erre à travers un pays enneigé, refusant d'être exfiltré par les Russes. En lui demeure l'espoir de reconquérir la confiance de ses compatriotes...
Ovashvili a le sens du sublime et de la tragédie. Il transcende donc un fait historique avéré — la fuite et la mort du dirigeant Zviad Gamsakhourdia au début des années 1990 — pour donner du grandiose et de la dignité à cette débandade pathétique à travers des villages certes dépeuplés mais toujours accueillants pour leur illustre hôte d'une nuit. L'épopée shakespearienne croise souvent l'absurdité beckettienne, en particulier dans ces fondrières boueuses où le Président et son cortège en costume, ruinent leur beaux souliers de ville. Un Président qui, abandonné de tous, au milieu de nulle part, ne se défait ni de son port impavide, ni de sa pauvre serviette — ultime vestige de son pouvoir révolu.
Balade triste pour un exil manqué, fuite en avant hantée par le passé et l'incertitude du présent, Khibula est un grand film sur la solitude, formidablement incarné par le sobre Hossein Mahjub. Et si cette “vanité en mouvement” emprunte beaucoup à la peinture (pour ses scène d'intérieurs notamment), la composition élégante et l'esthétique de chacun de ses plans la dédommagent avec intérêts.